Un thérapeute est dans la ligne de mire du Collège des médecins du Québec pour des vidéos dans lesquelles il transmet « son expertise » sur le port du masque. Nicolas Desjardins, fondateur de la clinique Neuera, a déjà été reconnu coupable d’exercice illégal de la médecine, en 2019.

« J’ai décidé d’amener un peu de science derrière tout ce qui se passe », lance celui qui se présente comme un « vulgarisateur du corps humain », dans une vidéo diffusée sur Facebook, le mois dernier.

M. Desjardins suggère notamment que le « maudit CO2 nous empoisonne », car ce gaz ne peut pas être libéré correctement avec un masque. Il ne remet pas en question l’existence de la COVID-19, mais est d’avis que le couvre-visage devrait être porté sous le nez pour permettre d’expirer l’« air vicié » adéquatement.

« Postillonner avec le nez, c’est quand même tout un défi. Je vous mets au défi de lancer des particules avec votre nez. Je vous invite à réfléchir à ça. Ça, c’est de la science », dit-il dans la vidéo partagée plus de 3000 fois.

Le thérapeute propose d’ailleurs une expérience pour « tester vos masques à la maison ». Ce test consiste entre autres à lever le bras et à comparer son amplitude en portant un masque. Nicolas Desjardins affirme que Facebook a supprimé l’une de ses vidéos, dans laquelle il présentait ce test. Dans un court échange écrit avec La Presse, le principal intéressé a indiqué que le test provenait d’un docteur américain, une « sommité en neurologie dite fonctionnelle ».

Celui qui prétend être en voie d’obtenir un doctorat lance une pointe au Collège des médecins, qui l’a poursuivi en 2017.

Moi, je ne suis pas dans un ordre [professionnel]. Moi, je vais parler. Vous allez me censurer. Vous l’avez déjà fait dans le passé […]. Ça ne me dérange plus maintenant. Je m’en sacre, parce que je fais juste renseigner.

Nicolas Desjardins, dans la vidéo

Le Collège des médecins confirme avoir reçu de nouvelles plaintes contre Nicolas Desjardins. Une enquête a d’ailleurs été ouverte. « Ce dossier a été porté à l’attention de la Direction des enquêtes du Collège », a confirmé Leslie Labranche, porte-parole du Collège des médecins. Celle-ci n’a pas voulu dire si de nouvelles accusations seraient déposées contre le thérapeute.

Récidiviste

Le « neurologue posturologue » est déjà connu du Collège des médecins et de deux autres ordres professionnels. Il a été reconnu coupable de pratique illégale de la chiropractie et d’usurpation de titre en mars 2016 et en octobre 2017. Il a payé des amendes totales de 4500 $.

En 2017, le thérapeute et sa clinique, appelée Institut neuro performance, ont de nouveau été poursuivis par le Collège des médecins, l’Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec et l’Ordre des chiropraticiens du Québec. Le récidiviste a été reconnu coupable d’exercice illégal de la médecine. Il a payé deux nouvelles amendes de 8000 $ chacune et s’est engagé à ne pas faire croire qu’il était autorisé à exercer la médecine.

« Le Collège invite la population à toujours se questionner sur la formation et les compétences d’un individu avant d’avoir recours à ses traitements ou de suivre ses conseils pour traiter un problème de santé. Une personne devrait toujours consulter une personne qui est membre d’un ordre professionnel », précise Mme Labranche.

L’Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec et l’Ordre des chiropraticiens du Québec n’ont pas voulu indiquer si de nouvelles plaintes avaient été déposées contre le thérapeute.