(Québec) Tous les adultes québécois qui le veulent auront reçu une dose de vaccin contre la COVID-19 d’ici la fête nationale, le 24 juin, prévoit le premier ministre François Legault. Et d’ici la mi-avril, les 65 ans et plus seront tous vaccinés, toujours avec une première dose.

« Ça ne veut pas dire que tout va être permis à partir de la fête nationale, mais, quand même, il devrait y avoir une plus belle fête nationale que l’année passée, puis un été plus positif », a lancé le premier ministre en conférence de presse mardi.

Entre-temps, François Legault dit rester prudent. Il a annoncé quelques allègements aux consignes sanitaires, réitérant ses craintes au sujet des variants du coronavirus. « On veut y aller vraiment graduellement », a-t-il insisté. En plus de faire passer le couvre-feu à 21 h 30 dès ce mercredi, Québec autorise en zone rouge la réouverture des salles de spectacle à partir du 26 mars, notamment.

« Les médecins de la Santé publique prévoient que d’ici la fin du mois prochain, la majorité des cas au Québec seront des variants britanniques, des cas beaucoup plus contagieux », a souligné le premier ministre. On est autour de 20 % en ce moment.

« L’arrivée de ces variants, puis en particulier du variant britannique, fait craindre une troisième vague. Donc, il faut rester très, très prudents », a-t-il ajouté. Il ne veut pas avoir à resserrer l’étau du confinement, comme en Italie, par exemple.

Les Québécois doivent avoir une « adhésion forte » aux consignes sanitaires pour éviter le pire, selon le DHoracio Arruda. « Une adhésion modérée, particulièrement dans la région métropolitaine, nous amène vers une troisième vague rapidement. »

Signal rassurant, la semaine de relâche a entraîné une augmentation « limitée » de cas de COVID-19, d’après les conclusions provisoires de la Santé publique.

François Legault a martelé que les trois vaccins offerts étaient « sécuritaires et efficaces », y compris celui d’AstraZeneca. Il serait prêt à le recevoir « demain matin » sans problème.

M. Legault, 63 ans, écarte toutefois l’idée de retrousser sa manche dès maintenant devant les caméras pour se le faire injecter dans le but de rassurer la population. Il veut attendre son tour comme tout le monde. Il ne veut pas faire un Claude Dubois de lui-même – le chanteur était passé devant la file d’attente pour avoir le vaccin contre la H1N1 en 2009, ne respectant pas l’ordre de priorisation de la campagne de vaccination. « Je ne dirai pas le nom de quelqu’un, un artiste, un excellent chanteur, je ne veux pas avoir l’air de ça », a laissé tomber le premier ministre.

Le directeur national de santé publique, le DHoracio Arruda, a la même position que M. Legault. Il se dit convaincu que la controverse autour du vaccin d’AstraZeneca — dont l’utilisation est suspendue dans plusieurs pays d’Europe — est injustifiée. Son collègue Richard Massé, que l’on a pu voir en conférence de presse à quelques reprises, a reçu le vaccin de cette entreprise, a-t-il signalé.

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, 64 ans, se fera vacciner dans les prochains jours à Montréal et espère recevoir ce vaccin. Il n’a pas demandé une dose d’AstraZeneca pour ne pas envoyer le message que l’on peut choisir son vaccin.

Québec a finalement décidé de modifier l’ordre de priorisation de sa stratégie de vaccination. « Les personnes ayant un handicap physique, une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme et vivant dans les RI-RTF (ressources intermédiaires et de type familial) pourront être vaccinées en priorité. Il en va de même pour les personnes lourdement handicapées, qui le seront à domicile », a-t-il annoncé dans un communiqué, après la conférence de presse.

Le gouvernement est satisfait du rythme de la campagne de vaccination. On a atteint un record de 34 146 doses administrées samedi.

« Grande nouvelle, je m’avance, mais avec l’appui du ministre de la Santé, d’ici la fête nationale, donc d’ici le 24 juin, on prévoit que tous les Québécois qui vont vouloir être vaccinés vont avoir reçu une première dose », a déclaré François Legault. On parle des adultes, puisque l’on attend toujours des études concernant la vaccination des enfants.

D’ici la mi-avril, donc d’ici à peu près un mois, on pense avoir pas mal vacciné toutes les personnes de 65 ans et plus au Québec qui veulent se faire vacciner avec une première dose.

François Legault

Québec veut atteindre le fameux seuil d’immunité de 75 % de la population. Pour y arriver, il doit encore vacciner environ 4,4 millions de personnes d’ici le 24 juin. Cela représente 320 000 doses par semaine ou 45 000 par jour – une cible plus élevée que le rythme actuel, mais facilement atteignable selon le gouvernement, pourvu que les doses confirmées par Ottawa soient livrées comme prévu.

Christian Dubé dit constater que les aînés vaccinés, en particulier dans les résidences pour personnes âgées, sont « un petit peu trop joyeux », que le respect des consignes laisse à désirer. Il a rappelé que le délai avant d’être immunisé peut être de trois, voire quatre semaines.

Il y a une semaine, François Legault avait laissé entendre que les visites à la maison seraient autorisées une fois les 65 ans et plus vaccinés. « J’espère qu’on va pouvoir ouvrir un peu pour la fête des Mères », le 9 mai, a-t-il précisé mardi. Le DArruda a voulu tempérer son enthousiasme. « Ce ne sera sûrement pas des rassemblements de quatre, cinq résidences autour de maman, là. On verra. »

À compter de mercredi, le couvre-feu sera à la même heure dans les zones rouge et orange, soit 21 h 30. Combien de temps encore cette mesure sera-t-elle maintenue ? La question est réévaluée chaque semaine, s’est contenté de répondre M. Legault.

En zone orange, les élèves de 3e, de 4e et de 5e secondaire retourneront à temps plein en classe à compter du 22 mars. Québec espère pouvoir l’annoncer « bientôt » pour les régions en zone rouge.

Le 26 mars, trois régions passeront en zone jaune, où le couvre-feu sera levé, où les bars rouvriront sous certaines conditions et où les rassemblements à la maison seront autorisés, mais limités à deux ménages différents. Il s’agit de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, de la Côte-Nord et du Nord-du-Québec. On n’avait pas vu de région à ce palier d’alerte depuis décembre, avant les Fêtes.

L’annonce de la réouverture des salles de spectacle le 26 mars en zone rouge, donc dans le Grand Montréal, survient au lendemain de la publication d’une enquête sur la détresse psychologique et financière des artisans de la scène. Par exemple, 43,3 % des travailleurs sondés présentent des symptômes de dépression majeure et presque la même proportion (41 %) envisage un changement de carrière, selon le rapport préparé par la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC-CSN) en collaboration avec sept associations culturelles et artistiques.

Toujours en zone rouge, les lieux de culte pourront accueillir jusqu’à 25 personnes dès le 26 mars.

Vaccination : refusé même s’il est né avant 1957

PHOTO FOURNIE PAR PIERRE PIROZZI

Pierre Pirozzi

Le Montréalais Pierre Pirozzi, né en août 1956, s’est rendu le dimanche 14 mars au Stade olympique pour se faire vacciner. Mais sur place, on a refusé de le vacciner sous prétexte qu’il n’avait pas encore 65 ans. Or, la directive du ministère de la Santé et des Services sociaux est claire : c’est l’année de naissance, et non la date, qui doit être considérée pour avoir accès à la vaccination contre la COVID-19, confirme le porte-parole du MSSS, Robert Maranda. Donc tous les gens nés avant 1957 peuvent recevoir un vaccin à Montréal actuellement. « Je ne suis pas le seul à qui ça arrive. On aurait intérêt à ce que le message passe », dit M. Pirozzi. Au CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, on estime que le cas de M. Pirozzi est lié à un « malentendu dans l’application de la politique ». « Un suivi vient tout juste d’être fait auprès de nos équipes afin que cette situation ne se reproduise plus », a indiqué mardi après-midi le porte-parole, Christian Merciari. M. Pirozzi a finalement obtenu un rendez-vous pour recevoir le vaccin lundi prochain. En conférence de presse mardi, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a mentionné être né en 1956 et ne pas avoir encore 65 ans. « Un 56, ça a le droit se faire vacciner, a-t-il dit. C’est ça notre règle, c’est ceux qui sont nés en 56, qui est une très belle année, en passant. Alors donc, j’ai pris mon rendez-vous puis je vais me faire vacciner à Montréal dans les prochains jours », a dit M. Dubé.

Ariane Lacoursière, La Presse

La COVID-19 en cartes et en graphiques

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