Au moment où les policiers du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) sont critiqués, tant en raison de leurs interventions auprès des sans-abri que des juifs hassidiques dispersés au terme de rassemblements illégaux, Sylvain Caron vole au secours de ses troupes.

En plus de multiplier les entrevues dans les médias lundi pour féliciter ses policiers et pour expliquer les fruits de leur travail, le directeur du SPVM a cru bon de leur envoyer un message interne, obtenu par La Presse, dans lequel il dénonce « plusieurs critiques injustes » essuyées par le SPVM dernièrement.

« Comme policiers, vous faites preuve d’un grand jugement chaque fois que vous devez intervenir et je sais à quel point vous pouvez rencontrer de la résistance par moment. »

« Des évènements inacceptables se sont produits en fin de semaine et je trouve absolument déplorable le manque de respect qui vous a été porté. D’autres situations sont également survenues où l’on veut faire porter le chapeau aux policiers. »

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Sylvain Caron, directeur du SPVM

Sachez que je suis fier du travail que vous accomplissez depuis des mois. Je vous demande de ne pas baisser les bras et de continuer à le faire avec engagement en collaboration avec nos partenaires.

Sylvain Caron, directeur du SPVM

Selon nos informations, des policiers trouvaient depuis un bout de temps que la direction ne les défendait pas assez publiquement. Le chef Caron a redressé le tir par des entrevues accordées lundi à plusieurs médias, dont La Presse.

Les constats, des exceptions

Au moment où un juge remet en question la pertinence de l’imposition d’un couvre-feu pour les sans-abri, le directeur du SPVM a défendu le travail de ses policiers.

Depuis l’imposition de cette nouvelle mesure de santé publique, il y a deux semaines, le SPVM a en effet été critiqué pour avoir remis des constats à des sans-abri.

En entrevue avec La Presse, le chef Caron a affirmé que les policiers du SPVM ont effectué plus de 1000 interventions auprès des itinérants de la métropole pour faire appliquer le couvre-feu depuis deux semaines, et qu’à peine quelques-unes se sont soldées par un constat. « Des exceptions », a-t-il assuré.

« Nos policiers font de l’excellent travail. Sur ces plus de 1000 interventions faites auprès des personnes itinérantes vulnérables, il y en a eu au moins 250 qui ont accepté d’aller dans des abris ou des refuges. »

Les autres ont décidé de ne pas suivre les recommandations, mais de façon très exceptionnelle, des constats ont été émis pour différentes raisons, en lien avec des actes qu’elles ont commis.

Sylvain Caron, directeur du SPVM

Ce dernier a ajouté que depuis l’arrivée du coronavirus, il y aurait de nouveaux sans-abri à Montréal et que cela a un impact sur le travail des policiers.

« Il faut se le dire, depuis le début de la pandémie, on a une recrudescence de personnes qui arrivent d’un peu partout. Ce sont de nouveaux visages. Nos policiers les connaissent moins et ne savent pas qu’ils ont affaire à un itinérant. Ce n’est pas toujours facile de déterminer c’est quoi une personne vulnérable et une personne itinérante », a dit Sylvain Caron.

« La conciliation de l’espace public, la nuit, ce n’est pas évident. Nos gens font un travail exemplaire sur notre territoire. Ils privilégient la compassion, l’écoute et la collaboration, et cherchent toujours à avoir des solutions alternatives plutôt que judiciaires. La judiciarisation, pour nous, c’est le dernier recours », a conclu M. Caron.

Les mêmes règles pour tout le monde

Concernant l’intervention des policiers dans une synagogue bondée, au coin des rues Durocher et Lajoie, dans Outremont, vendredi soir, M. Caron a qualifié « d’inacceptable » le comportement de certains membres de la communauté hassidique qui ont bousculé des agents.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Concernant l’intervention des policiers dans une synagogue bondée, au coin de la rue Durocher et de l’avenue Lajoie, dans Outremont, vendredi soir, Sylvain Caron a qualifié « d’inacceptable » le comportement de certains membres de la communauté hassidique qui ont bousculé des agents.

Il a aussi dénoncé le fait que les patrouilleurs ont été injuriés et traité de nazis par les contrevenants.

« Ça aussi, c’est inacceptable. Nous sommes dans une démocratie. Le SPVM donne un excellent service à la population. Je ne dis pas que c’est parfait, mais nos policiers sont exemplaires. Les règles du décret sanitaire sont faites pour tout le monde, indépendamment de l’origine, et on ne cible aucune communauté. On applique le décret en fonction des règles qui nous sont édictées et nos avocats nous accompagnent », a dit M. Caron.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.