Après s’être dit en réflexion, le gouvernement Legault change sa méthode de vaccination. Il entend dorénavant utiliser tous les vaccins qu’il a reçus et recevra au cours des prochaines semaines, sans pour autant conserver la deuxième dose, en vertu d’une « recommandation formulée » par la Santé publique.

Dans un communiqué diffusé jeudi après-midi, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) confirme que tous les vaccins seront dorénavant « utilisés de manière à immuniser le plus grand nombre de personnes possible auprès des groupes prioritaires ». La mesure, dit-on, a pour but « d’accélérer la vaccination des personnes vulnérables », notamment dans les CHSLD et auprès du personnel du réseau, mais aussi dans les résidences privées pour aînés (RPA) et les communautés plus éloignées ou isolées.

C’est le Comité sur l’immunisation du Québec et l’Institut national de santé publique (INSPQ) qui ont émis cette recommandation. Selon celle-ci, « il n’est donc plus nécessaire de conserver la deuxième dose en réserve », indique le ministère, qui précise que les rendez-vous des personnes en attente d’une deuxième dose seront « ajustés en conséquence ».

D’après les chiffres des autorités gouvernementales, l’efficacité de la première dose du vaccin, autant pour celui de Moderna que de Pfizer, est « de plus de 90 % » 14 jours après son administration. « La seconde demeure importante, permettant surtout d’assurer la protection à long terme », ajoute-t-on.

Mardi, le ministre de la Santé, Christian Dubé, avait avoué qu’il se questionnait sérieusement — comme d’autres provinces, dont l’Ontario — sur la nécessité de conserver la moitié des vaccins pour administrer une éventuelle deuxième dose.

« Dès le départ, on a voulu évaluer cette possibilité-là. C’est clair qu’on a une réflexion intense là-dessus. On va arriver avec une recommandation sous peu qui va être adaptée à la situation épidémiologique du Québec, c’est-à-dire une très grande circulation », avait aussi soutenu le directeur national de santé publique Horacio Arruda, en précisant que le virus « ne prend pas de vacances » et qu’il est « partout actuellement ».

Garder la deuxième dose en réserve était initialement une consigne venant directement de Pfizer. Or, maintenant que les livraisons sont « assurées pour les prochaines semaines », jusqu’à la fin du mois de janvier, le fabricant affirme qu’il n’y a « plus d’enjeu » à utiliser l’ensemble des doses sur-le-champ.

La nouvelle tombe alors que la crise sanitaire ne montre aucun signe d’essoufflement au Québec. La province a en effet rapporté jeudi de 2819 nouvelles infections à la COVID-19, fracassant ainsi un nouveau record, et 62 décès supplémentaires.

Une opération toujours en cours

Mercredi soir, le ministre de la Santé, Christian Dubé, annonçait que le Québec a reçu les 32 500 premières doses du vaccin Moderna. Si on additionne les 55 000 doses du vaccin de Pfizer, cela donne 87 500 doses qui ont jusqu’ici été reçues dans la province. Et « d’autres livraisons sont prévues dans les prochaines semaines », indiquent les autorités.

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Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux

Par ailleurs, être vacciné ne signifie pas pour autant qu’il faut cesser d’appliquer les mesures de protection, ajoute le gouvernement, qui martèle que le port du masque, la distanciation sociale et le lavage des mains demeurent primordiaux, même après avoir reçu les deux doses.

En point de presse mercredi après-midi, le major général Dany Fortin, responsable de la distribution des vaccins contre la COVID-19 au Canada, a indiqué que tout se déroule jusqu’ici comme prévu. « La livraison des [doses], tant de Pfizer que de Moderna, est presque terminée. Nous sommes maintenant prêts à passer à un rythme plus soutenu en janvier, et au cours des premiers mois de 2021 », a-t-il assuré.

Le major général affirme que les autorités canadiennes ont déjà reçu les 168 000 premières doses de Moderna, et que celles-ci seront toutes livrées cette semaine. « D’ici [jeudi], nous nous attendons à ce que les envois restants de ce vaccin soient livrés aux points désignés, dont plusieurs sont situés dans le Nord et dans des communautés éloignées ou isolées », a rappelé le militaire.