Le gouvernement Trudeau hausse le ton. Toute personne entrant au Canada devra fournir un test négatif à la COVID-19 datant de moins de trois jours avant l’arrivée pour mieux contrôler la propagation du virus. Ottawa insiste sur le fait que la mesure, qui sera mise sur pied sous peu, ne remplace en rien la quarantaine de 14 jours.

« J’annonce que notre gouvernement va rapidement implanter une mesure additionnelle qui obligera tous les passagers arrivant au Canada d’avoir un test négatif reçu au moins trois jours auparavant », a indiqué le ministre des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc. C’est son homologue aux Transports, Marc Garneau, qui sera chargé d’implanter la mesure « au plus vite ». Il devrait apporter des précisions jeudi.

Si je me trouvais sur une plage aux Caraïbes cette semaine, je serais à la recherche d’une clinique pour avoir un test de dépistage avant mon retour.

Dominic LeBlanc, ministre des Affaires intergouvernementales

Hier, le ministre de la Santé du Québec, Christian Dubé, avait pressé Ottawa de mettre sur pied « une obligation de se faire tester avant de prendre son avion de retour au Québec ».

M. LeBlanc a souligné qu’Ottawa continuera de s’appuyer sur les « données scientifiques et probantes » pour ajouter d’autres mesures de protection dans les prochains jours. « Nous évaluons constamment des façons de faire des améliorations », a illustré l’élu fédéral. Il a précisé qu’Ottawa assurera aussi un suivi plus serré du respect de la quarantaine, ce qui était aussi l’une des demandes de Québec, par des mesures « visibles et additionnelles » dans les aéroports.

Quant aux tests de dépistage rapides dans les aérogares, une autre demande du gouvernement Legault, Ottawa affirme que les discussions se poursuivent et que des « précisions accrues » viendront prochainement.

La quarantaine toujours essentielle, dit Blair

De son côté, le ministre de la Sécurité publique, Bill Blair, a prévenu que cette nouvelle mesure ne vient aucunement remplacer la quarantaine, qui devra toujours obligatoirement s’effectuer pendant 14 jours. « Les règles ne nous protègent seulement que si nous les suivons toutes et tous », a aussi insisté M. Blair, soutenant que le système de protection du Canada est l’un des plus robustes au monde.

« Nous avons encore beaucoup de travail à faire », a reconnu le ministre Blair, déplorant que « malheureusement, certaines personnes choisissent encore d’ignorer » les recommandations de la Santé publique en matière de voyage à l’étranger.

Pourquoi ne pas fermer les frontières, à ce moment ? Parce que « la constitution ne nous permet pas d’empêcher les Canadiens de quitter le pays », a rajouté le ministre LeBlanc, réitérant que les compagnies aériennes devront s’assurer que leurs passagers « ne présentent pas de symptômes de la COVID-19 et n’ont pas été exposés à d’autres voyageurs atteints » du virus.

Selon les données d’Ottawa, le nombre de voyages a diminué de 80 % dans les aéroports canadiens, par rapport à 2019. De plus, seulement 2 % des cas signalés proviennent de voyages « à l’extérieur du pays », affirment les autorités fédérales.

Dans l’industrie, la mesure du gouvernement est toutefois mal reçue. « L’annonce a été faite sans coordination préalable avec l’industrie, et avec de nombreux détails opérationnels et de communication importants qui restent à déterminer », déplore le président du Conseil national des lignes aériennes du Canada, Mike McNaney. Il soutient que l’exigence d’un test négatif doit être utilisée « en conjonction avec des mesures visant à réduire les niveaux de quarantaine, comme cela se fait dans tous les pays du monde ».

Québec salue la décision d’Ottawa

Joint par La Presse, le ministre Christian Dubé a accueilli la nouvelle avec enthousiasme. « C’est une très bonne nouvelle, et il faut bouger rapidement. [...] Nous travaillons tous dans le même sens afin d’assurer un retour sécuritaire et un suivi rigide de l’isolement des voyageurs », a-t-il insisté, soulignant « la pertinence des discussions » avec son homologue fédérale, Patty Hajdu.

« On demande aux Québécois de ne pas voyager à l’extérieur du pays. Nous avons une transmission communautaire qui demeure soutenue, et le nombre d’hospitalisations ne cesse d’augmenter. La seule façon de ne pas frapper un mur en janvier, c’est de respecter les consignes », a-t-il réitéré.

Sur Twitter, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, s’est aussi dite « soulagée » par l’annonce du fédéral. « C’était la bonne chose à faire pour protéger les citoyennes et citoyens contre une propagation supplémentaire de la COVID-19 », a-t-elle écrit.

Pour le spécialiste des maladies infectieuses à l’Hôpital général juif de Montréal, le Dr Matthew Oughton, cette « première étape » d’Ottawa annonce peut-être d’autres changements, dont une réduction prochaine de la quarantaine qui fait déjà l’objet d’un projet pilote en Alberta. « Ça permet aux autorités de commencer à collecter des données pour être en mesure de procéder à des modifications. Réduire la quarantaine aurait beaucoup d’avantages, mais ça doit être fait avec prudence, surtout quand on regarde le nombre de cas au Québec et au Canada », raisonne-t-il.

Un « rythme plus soutenu » en janvier

Selon le major général Dany Fortin, responsable de la distribution des vaccins contre la COVID-19 au Canada, tout se déroule jusqu’ici comme prévu. « La livraison des contingents, tant de Pfizer que de Moderna, est presque terminée. Nous sommes maintenant prêts à passer à un rythme plus soutenu en janvier, et au cours des premiers mois de 2021 », a-t-il assuré.

Il affirme que les autorités canadiennes ont déjà reçu les 168 000 premières doses de Moderna, et que celles-ci seront toutes livrées cette semaine. « D’ici demain, nous nous attendons à ce que les envois restants de ce vaccin soient livrés aux points désignés, dont plusieurs sont situés dans le Nord et dans des communautés éloignées ou isolées », a rappelé le militaire.

Ottawa entame actuellement sa « troisième ronde » de distribution du vaccin de Pfizer. En plus des 212 000 doses qui ont été livrées la semaine dernière dans 70 lieux, 12 000 autres doivent l’être au cours des prochains jours. Au total, près de 425 000 doses auront été livrées au Canada en décembre.

En janvier, M. Fortin s’attend à recevoir des doses du vaccin de Pfizer « à raison de 124 800 pour la première semaine, puis 208 000 pour les trois semaines suivantes ». Dans le cas de Moderna, on s’attend à 170 000 doses en plus dans la semaine du 11 janvier. « Nous sommes sur la bonne voie pour avoir au moins 1,2 million de doses de vaccins d’ici la fin janvier », a-t-il soutenu.