(Montréal) Mark Sultana a accueilli comme « une bombe » la décision d’Ottawa, dimanche, de suspendre la plupart des vols en provenance du Royaume-Uni, où une variante du virus de la COVID-19 a été découverte.

L’entrepreneur canadien de 52 ans, qui vit la plupart du temps à Londres depuis près de vingt ans, indique que l’annonce de dimanche soir a particulièrement étonné les Canadiens qui prévoyaient rendre visite à leur famille et leurs amis pendant les vacances des Fêtes.

« Nous ne pouvons aller nulle part — aucun d’entre nous », a déclaré en entrevue lundi celui qui est aussi administrateur du groupe « Canadiens à Londres » sur Facebook. « Nous sommes tous confinés sur cette île — et beaucoup de Canadiens sont touchés. »

Originaire de la région de Toronto, M. Sultana soutient que plusieurs membres du groupe Facebook, qui compte 6800 abonnés, ont signalé que leur vol avait été annulé. « Ils étaient prêts à se mettre en quarantaine et à faire ce qu’il fallait pour rentrer chez eux, mais là, ils sont complètement bloqués. »

À la suite d’autres pays, le Canada a annoncé dimanche soir la suspension pendant trois jours — pour l’instant du moins — des vols de passagers en provenance du Royaume-Uni, afin d’empêcher l’importation d’une variante du virus SRAS-CoV-2 découverte par les responsables britanniques, qui pourrait être 70 % plus contagieuse que la première.

Le premier ministre britannique, Boris Johnson, a aussi annoncé samedi que Londres et le sud-est de l’Angleterre seraient soumis à des restrictions plus strictes, de « niveau 4 », en raison d’une augmentation des cas et des préoccupations concernant la variante du SRAS-CoV-2.

Et le Brexit avec ça 

Mais ce n’est pas la première fois que Londres est « confinée », rappelle Julien Gagnon, originaire de Saint-Lambert, qui vit au Royaume-Uni depuis 10 ans, dont près de cinq dans la capitale. Le Québécois de 32 ans précise qu’après des semaines de semi-confinement à Londres, le plus grand impact des restrictions de « niveau 4 » se fera sentir dans les prochains jours, alors que les rassemblements des Fêtes entre des personnes de ménages différents sont désormais interdits.

« Nous ne pouvons rien faire. Nous devons rester à l’intérieur. Nous ne pouvons pas voir d’amis, nous ne pouvons pas voir la famille, nous ne pouvons pas fêter Noël », déplore M. Gagnon, qui sait pertinemment, toutefois, que la situation sera identique au Québec.

Le Torontois d’origine Bobby Demers, qui vit au Royaume-Uni depuis 1988, a indiqué que beaucoup de gens ont envahi les magasins à Londres lundi, craignant notamment une pénurie de produits frais à cause de la fermeture des frontières. « Je suis allé au supermarché local ce matin […] et la file de voitures débordait du stationnement du centre commercial », dit-il.

Pour ne rien arranger, le Royaume-Uni est à moins de deux semaines de la dernière étape de sa sortie de l’Union européenne, et le gouvernement britannique n’a pas encore conclu d’accord commercial avec le bloc de 27 pays membres.

« Ce qu’on vit, c’est presque comme un précurseur de ce qui va se passer dans deux semaines, lorsque les camions et les avions ne pourront plus faire des allers-retours très facilement entre l’Angleterre et l’Europe », laisse tomber M. Demers.

Administrateur d’un autre groupe Facebook, « Canadiens au Royaume-Uni », qui compte 5300 abonnés, M. Demers explique que dans cette période d’incertitude, les gens se regroupent et offrent des mots de soutien. « L’empathie que les Canadiens ont les uns pour les autres s’est vraiment manifestée », a-t-il déclaré. « Les gens ont cette vision de Londres comme (un endroit où) les gens ne se parlent pas, les gens évitent le contact visuel, mais quand les choses se compliquent et en cas d’urgence, les gens ici ont tendance à se rassembler. »