(Ottawa) Le vaccin contre la COVID-19 arrivera de toute évidence à point nommé, la situation épidémiologique ne cessant de se dégrader. Si bien que le nombre de cas quotidiens pourrait doubler d’ici le début de janvier, ce qui devrait inciter les provinces à resserrer la vis, estime Santé Canada.

La plus récente modélisation rendue publique vendredi par l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) laisse présager une augmentation continue du nombre de cas quotidiens de COVID-19 : alors que 6500 cas en moyenne ont été recensés dans les sept derniers jours au pays, on pourrait atteindre 12 000 cas en janvier.

La croissance « rapide et persistante » de la propagation du virus a un effet sur le nombre de décès qui en résultent. L’augmentation est constante ; la moyenne des sept derniers jours est de 94 morts au pays. Cela est inférieur aux décès enregistrés lors du pic de la première vague, au printemps dernier.

GRAPHIQUE FOURNI PAR L’AGENCE DE LA SANTÉ PUBLIQUE DU CANADA

La deuxième vague frappe nettement plus fort que la première par le nombre de cas actifs, a noté l’administratrice en chef de l’ASPC, la Dre Theresa Tam. La récente progression a été fulgurante : il y a trois semaines à peine, on dénombrait 52 000 cas actifs, et à l’heure actuelle, il y en a 73 200, a-t-elle affirmé.

Et « rien n’indique que cette trajectoire ascendante va changer sans une intensification des mesures de santé publique », a affirmé son bras droit, le DHoward Njoo, administrateur en chef adjoint de la santé publique.

On fait également le constat que davantage de régions sanitaires à l’échelle rapportent des taux plus élevés d’infection à la COVID-19 : 49 régions sanitaires sur 99 déclarent plus de 100 cas pour 100 000 habitants, le plus grave s’établissant à 707 par 100 000 habitants.

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Ainsi, encore une fois, les autorités sanitaires concluent que si les Canadiens maintiennent leurs contacts au niveau actuel, l’épidémie continuera de prendre de la vigueur – en fait, l’ASPC prévient qu’« une réponse plus forte » s’impose dans les grandes provinces pour freiner sa progression.

Il y a trois semaines, alors que l’on recensait une moyenne de près de 4800 nouveaux cas de COVID-19 par jour, l’ASPC évaluait que l’on se dirigeait vers 10 000 à 20 000 cas quotidiens en décembre si le niveau de contacts demeurait le même – voire 60 000, si le nombre de contacts augmentait.

De l’avis du DNjoo en conférence de presse à Ottawa, le resserrement des mesures de restriction en Colombie-Britannique ou au Manitoba a probablement contribué à abaisser un peu la courbe qui était dessinée dans les projections du 20 novembre dernier.

Crainte pour Noël et pour les aînés

Les prévisions à court terme, elles, sont à l’image de celles à moyen terme : on prévoit un maintien de la croissance rapide : d’ici le 25 décembre, le nombre cumulatif de cas se situerait entre 531 300 et 577 000, tandis que l’on pourrait déplorer de 14 410 à 14 920 décès d’ici le jour de Noël.

Ainsi, même si les premières doses de vaccin Pfizer-BioNTech qu’a approuvé Santé Canada mercredi dernier doivent arriver au pays lundi prochain, il ne faut surtout pas baisser la garde, a-t-on prévenu au fédéral, où on a accouché d’un guide pratique pour orienter les actions des Canadiens pendant les célébrations.

La frange de la population que le virus infecte ces jours-ci a par ailleurs de quoi préoccuper : les éclosions ont crû dans les centres de soins de longue durée, où il y a eu hécatombe au printemps, et on enregistre un bond de l’incidence chez les adultes à haut risque âgés de 80 ans et plus.

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Les éclosions sont aussi en recrudescence dans les centres de soins de longue durée en raison d’un bond de la transmission communautaire.

Le document montre également que la courbe des cas déclarés de COVID-19 a enregistré une hausse vertigineuse depuis le mois de septembre dans les communautés des Premières Nations, révèle aussi le document préparé par les experts de l’ASPC.

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Frontière canado-américaine

Dans une conférence de presse qui s’est tenue un peu plus tard, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé que le Canada et les États-Unis avaient de nouveau convenu de prolonger de 30 jours la fermeture de leur frontière commune aux déplacements non essentiels.

La frontière demeurera donc scellée au moins jusqu’au 21 janvier. Cela fera alors 10 mois qu’elle l’est.