(Québec) Le gouvernement Legault assume pleinement sa décision d’aller au-delà des recommandations de la Santé publique en ordonnant la fermeture complète des salles à manger des restaurants en zone rouge. C’était la décision à prendre aux yeux de Québec devant la progression de la pandémie, qui fait jeudi 1842 nouveaux cas.

Le ministre de la Santé, Christian Dubé, s'est adressé à la presse jeudi matin pour « faire quelques précisions » à la suite du passage en commission parlementaire du Dr Horacio Arruda, mercredi. Le directeur national de la santé publique a affirmé devant les parlementaires que la décision de fermer complètement les salles à manger des restaurants en zone rouge n'était pas sa demande, mais celle du gouvernement.

« Je vous annonce ce matin que c'est 1842 cas. Aujourd'hui, c'est ça la situation. Je vais vous dire une chose, très clairement: j'assume toutes les décisions qu'on a prises au cours des derniers mois. Les faciles et les moins faciles et les fois qu'on est allé plus loin que la Santé publique, je l'assume pleinement, a lancé le ministre Dubé. "Où est-ce qu'on serait aujourd'hui si on n'avait pas fermé les bars et les restaurants", a-t-il ajouté, s'adressant particulièrement à l'opposition, qui l'a talonné ce matin sur cet enjeu.

«Il faut se rappeler qu'on est à la fin septembre et qu'on voit les cas exploser, a nuancé le ministre de la Santé, Christian Dubé. La décision de fermer les restaurants « n'a pas été prise de gaité de coeur » et l'a été par « principe de précaution », a-t-il fait valoir.

Les partis d'opposition reprochent au gouvernement Legault de ne pas avoir été assez transparent avec la population et les entrepreneurs sur la question des restaurants.

« La recommandation [de la Santé publique] ce n'était pas de garder les restaurants ouverts, c'était de peut-être considérer une bulle à part, réduire le nombre de personnes qui peut rentrer, d'augmenter la distanciation... les restaurateurs, quand M. Fitzgibbon leur parlait, ils nous disaient : si c'est ça aussi bien nous fermer. C'est ça le détail qu'il faut gérer. On est transparent », a réaffirmé M. Dubé.

Pourquoi ne pas l'avoir mieux expliqué? « Vous n'avez aucune idée du nombre de décisions que l'on prend tous les jours pour être capable d'être à l'endroit où l'on est aujourd'hui », a-t-il lancé.

«Même si elle est difficile, je suis content qu'on ait pris cette décision [...] On n'a pas fini de contrôler cette deuxième vague-là, désolé tout le monde, mais c'est ça la réalité », a conclu M. Dubé.

Legault doit s'excuser, dit Québec solidaire

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Manon Massé

Le premier ministre François Legault doit s'excuser auprès des restaurateurs, a réclamé Québec solidaire. « Je veux être claire, je ne demande pas qu'on rouvre les restaurants », a indiqué la co-porte-parole, Manon Massé. « Ce que je suis en train de dire, c'est que le gouvernement de la CAQ a fait un choix politique et, économiquement, il a abandonné les restaurateurs malgré ce choix-là », a-t-elle ajouté.

« Je pense que les restaurateurs, ce à quoi ils s'attendent aujourd'hui, c'est que le premier ministre leur dise exactement comment il a pris sa décision », a pour sa part fait valoir la cheffe libérale, Dominique Anglade. « Deuxièmement, quel est le soutien qu'il va amener aux restaurateurs? [...] Il y en a dans mon comté qui ont fermé leurs portes. [...] Il a une responsabilité gouvernementale de les accompagner. C'est ça qu'il devrait annoncer aujourd'hui, ce qu'il va faire spécifiquement pour les soutenir », a-t-elle indiqué.

Selon les oppositions, Québec devrait verser une aide financière « directe » aux restaurateurs plutôt que de leur accorder des prêts. Le Parti québécois le réclamait notamment au printemps dernier. « On parle d'une aide qui était facile à établir, on regardait les chiffres comparatifs de l'année précédente, on faisait une règle de trois, puis il y avait une aide financière directe », a illustré le chef parlementaire, Pascal Bérubé.

« On a perdu beaucoup de temps, beaucoup d'argent, il y a beaucoup de travailleurs de la restauration qui ont quitté, qui ne reviendront pas... beaucoup de faillites. C'est ce qui s'est passé », a-t-il résumé.

Québec solidaire demande également que l'on adopte d'ici la fin des travaux parlementaires vendredi, le projet de loi 72, présentement à l'étude, qui autorise notamment à un tiers de livrer pour un restaurant vin et bière en accompagnement d'aliments. « C'est un projet de loi qui pourrait mettre un petit baume sur les plaies de nos restaurateurs », a soutenu Mme Massé.