(Québec) Le gouvernement Legault doit autoriser le directeur national de la santé publique, Horacio Arruda, à venir témoigner en commission parlementaire d’ici le 11 décembre, insiste l’opposition.

Le premier ministre François Legault s’est récemment montré favorable à l’idée, et le Dr Arruda a consenti à aller échanger avec des députés de tous les partis, mais aucune date n’a encore été fixée.

La session parlementaire se termine le 11 décembre, et les travaux à l’Assemblée nationale ne reprendront officiellement que le 2 février 2021.

Vendredi, tous les partis d’opposition ont réclamé une audition dans les plus brefs délais avec le Dr Arruda.

Ils ont souligné que l’expert en santé publique avait pris le temps, jeudi, de participer à une émission d’affaires publiques tournée à Montréal.

« S’il a le temps pour ça, il a sûrement le temps pour répondre aux questions des élus », a lancé en point de presse le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon.

« S’il a besoin de visibilité à la télévision, on a un excellent canal pour lui qui est celui de l’Assemblée nationale. »

L’opposition demande un mandat d’initiative à la Commission de la santé et des services sociaux et rappelle que jamais en neuf mois de pandémie les élus n’ont pu échanger directement avec le Dr Arruda.

« M. Arruda est quelqu’un qui a pris des décisions […] qui ont eu des impacts concrets sur la vie de tous les Québécois », a renchéri le co-porte-parole de Québec solidaire (QS) Gabriel Nadeau-Dubois.

« Je pense que ça mérite au moins une commission parlementaire de quelques heures. »

M. Nadeau-Dubois affirme vouloir questionner le Dr Arruda sur la transmission du virus par aérosol, sur la protection des travailleurs de la santé, sur la ventilation dans les écoles et sur les tests rapides.

Les partis reconnaissent que la décision appartient maintenant au gouvernement Legault, et plus spécifiquement à son leader, Simon Jolin-Barrette, véritable chef d’orchestre des travaux parlementaires.

« C’est le leader du gouvernement qui est capable de faire ce travail-là », a déclaré la cheffe du Parti libéral du Québec (PLQ), Dominique Anglade.

« À mon sens, ce qui devrait être priorisé par le gouvernement, c’est de faire en sorte que M. Arruda puisse venir rencontrer les parlementaires », a-t-elle ajouté.

Arruda comme monnaie d’échange ?

En l’absence du premier ministre vendredi, la vice-première ministre, Geneviève Guilbault, a affirmé que des discussions sur la date de l’audition avec le Dr Arruda avaient lieu entre les leaders des partis.

Elle a été chahutée par des députés, qui ont lancé des « c’est pas vrai ! » en Chambre. Le cabinet de M. Jolin-Barrette a soutenu vendredi après-midi que « des discussions sont en cours avec les oppositions ».

Jeudi, M. Jolin-Barrette avait laissé entendre, en s’adressant au leader parlementaire du PLQ, André Fortin, que la tenue d’une audition avec le Dr Arruda était conditionnelle à l’adoption du projet de loi 66 visant à placer 180 projets d’infrastructure sur la voie rapide.

« Ça fera partie des discussions globales, a-t-il affirmé. J’ai nommément identifié toute l’importance que j’accordais à l’adoption du projet de loi 66, alors peut-être pourra-t-il me revenir pour voir comment nous pourrons l’adopter avant la fin de la session, […] et peut-être pourrons-nous aussi […] tenir une audition pour entendre le directeur national de la santé publique. »

« Voyez-vous, tout est dans tout », a conclu Simon Jolin-Barrette, le sourire aux lèvres.

De son côté, le leader adjoint du gouvernement, Éric Caire, a fait valoir vendredi que le Dr Arruda avait déjà eu l’occasion de répondre à des questions de l’opposition lors de l’étude des crédits.