Montréal enregistre une légère hausse du nombre de cas de COVID-19 depuis une semaine et la situation demeure « plus qu’inconfortable », a déclaré la directrice régionale de santé publique de Montréal, la Dre Mylène Drouin, dans un point de presse mercredi après-midi.

Au cours des dernières semaines, la situation semblait vouloir se stabiliser alors qu’une moyenne de 250 nouveaux cas par jour était constatée à Montréal. Depuis une semaine, ce nombre est passé à 280 cas par jour en moyenne. « On voit poindre une légère augmentation », dit la Dre Drouin.

Le secteur de Parc-Extension demeure le quartier le plus chaud alors que le taux de positivité du virus y est de 11 %, contre 5 % pour l’ensemble de la métropole. Des hausses du nombre de cas sont aussi constatées à LaSalle, Lachine et Rivière-des-Prairies.

Aucun événement majeur ne semble expliquer la hausse du nombre de cas. La Dre Drouin dit explorer certaines hypothèses, dont une certaine fatigue de la population. « Peut-être que les gens commencent à se permettre certains contacts qu’ils se permettaient moins les premières semaines », dit-elle. Pour la Dre Drouin, des efforts « doivent encore être faits du côté des contacts sociaux et dans les milieux de soins pour aînés. »

En tout, 369 éclosions sont en cours à Montréal et 50 % d’entre elles touchent moins de 5 personnes. Il y a 112 éclosions en milieux scolaires, 53 en milieux de travail et 34 en milieux de soins. Le nombre d’éclosions dans les CHSLD et dans les résidences privées pour aînés est en hausse et inquiète la Dre Drouin qui affirme y « redoubler d’efforts ».

La semaine dernière, la Dre Drouin avait demandé que des assouplissements soient apportés aux mesures en zone rouge. Elle demandait entre autres la réouverture des bibliothèques et l’autorisation pour deux familles de se réunir. Alors que les cas à Montréal connaissent une faible hausse, la Dre Drouin estime que ces demandes « restent sur la table de discussions ». Elle dit toujours vouloir « identifier des endroits à faible risque » qui pourraient faire l’objet d’un assouplissement. Mais elle reconnaît que la situation épidémiologique changeante, notamment dans certaines régions du Québec qui sont en « zone rouge bien affirmée », doit être considérée.

PDG du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, Sonia Bélanger souligne que malgré cette légère hausse du nombre de cas, les hospitalisations à Montréal sont stables : on compte 179 patients hospitalisés, dont 26 aux soins intensifs.

Mieux gérer les événements de « super transmission »

Afin d’identifier plus facilement les cas liés à des événements de « super-transmission », la direction de la santé publique de Montréal a modifié son approche de traçage. La Dre Drouin rappelle que seulement de 10 % à 20 % des cas de COVID-19 expliquent plus de 80 % de la transmission.

Les événements de super transmission se déroulent dans des espaces restreints et mal ventilés, où un certain nombre de gens ont des rapprochements. Pour réduire l’impact de ces événements, la santé publique de Montréal veut, dès le dépistage, poser plus de questions aux gens ayant participé à ce type d’événement pour remonter à la source et voir combien de personnes pourraient avoir été infectées. « Pour éteindre une chaîne, l’idée n’est pas juste de regarder en avant, mais aussi de regarder en arrière », résume la Dre Drouin.

Plus de consommation d’alcool

Une récente étude de la santé publique démontre l’ampleur des impacts collatéraux de la pandémie sur la santé des Montréalais. La consommation d’alcool, de drogue et de tabac est en hausse dans la métropole. « Du côté de l’alcool, le tiers de la population a augmenté sa consommation surtout chez les 18 à 34 ans », indique la Dre Drouin.

Alors que 11 % de la population disait consommer de l’alcool au quotidien avant la pandémie, cette proportion a aujourd’hui grimpé à 27 %. Près de 40 % des consommateurs de cannabis et de tabac rapportent aussi avoir augmenté leur consommation depuis le début de la pandémie. « Le message qu’on veut passer, c’est qu’il existe des services si vous pensez que vous avez une consommation problématique », dit la Dre Drouin, qui s’estime « préoccupée » par la situation.