(Toronto) Un nouveau projet national de recherche examinera l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les personnes racisées et les préjugés à leur égard dans le système de santé.

Le projet a été lancé par Roberta Timothy, professeure adjointe au tout nouvel Institut des pandémies de l’Université de Toronto.

Mme Timothy explique que de nombreuses personnes noires ou autochtones évitaient déjà les interactions avec le système de santé avant la pandémie, principalement en raison d’expériences de racisme et de préjugés. En période de pandémie, cela peut avoir de graves conséquences sur le bien-être de ces communautés, souligne-t-elle.

« Les gens demanderont de l’aide en cas d’urgence et d’ici là, il sera trop tard », dit-elle. « En raison des préjugés, du racisme anti-Noirs, de la violence qu’ils subissent, leur santé devient plus menacée. »

Mme Timothy et ses collègues estiment qu’il est nécessaire d’avoir plus de données pour mieux comprendre l’impact de la COVID-19 sur les personnes racisées et marginalisées.

Depuis plusieurs mois, des organisations communautaires de l’ensemble du pays demandent des données sur la COVID-19 qui illustreraient comment le virus touche ces personnes. Plusieurs redoutent que les Noirs et les Autochtones soient touchés de manière disproportionnée.

Le gouvernement de l’Ontario a initialement refusé de recueillir des données sur l’ethnicité dans les premiers mois de la pandémie, mais il a changé de cap en juin. Désormais, il collecte des données sur l’origine ethnique, le revenu, la taille du ménage et la langue d’usage lors du suivi des personnes infectées par la COVID-19.

À Montréal, des groupes communautaires ont récemment déploré que le gouvernement québécois soit revenu sur son engagement de collecter des données ethnographiques sur les répercussions de la pandémie. Un entrepreneur montréalais a lancé la semaine dernière une plateforme numérique afin d’obtenir des renseignements auprès des Noirs, des Autochtones et autres personnes racisées de l’ensemble du Canada sur la façon dont la COVID-19 les a touchés.

Pauvreté et racisme

À Toronto, les premières données compilées par le service de santé publique montrent que 83 % des cas d’infection au coronavirus concernent des personnes racisées. Les Noirs représentaient par exemple 21 % des cas à Toronto, mais seulement 9 % de la population de la ville.

« Il y a de plus en plus de preuves en Amérique du Nord et au-delà que les personnes racisées et les personnes vivant dans des ménages à faible revenu sont plus susceptibles d’être touchées par la COVID-19 », a souligné la docteure Christine Navarro, médecin-hygiéniste adjointe de Toronto.

« Bien que les raisons exactes de cette situation ne soient pas encore pleinement comprises, nous pensons que cela est lié à la fois à la pauvreté et au racisme. »

Le projet de l’Institut des pandémies de l’Université de Toronto permettra de recueillir plus de données sur la manière dont les Noirs et les Autochtones interagissent avec le système de santé, mais aussi sur les impacts économiques de la pandémie, les réseaux de soutien et le travail essentiel effectué par les personnes issues des communautés marginalisées.

« Une partie sous-jacente du projet n’est pas seulement de fournir de meilleures données, mais aussi d’aider la communauté à élaborer des stratégies et à trouver des interventions » pour mieux faire face aux impacts de la crise, a indiqué la professeure Timothy.

Le projet de recherche devrait commencer dans quelques mois et impliquera des sondages et des groupes de discussion avec des Canadiens noirs et autochtones.