Gurudeeban Selvaraj et Satyavani Kaliamurthi devaient rester quatre mois à Montréal, jusqu’en avril, pour travailler à l’Université Concordia. La pandémie a coincé ici les deux chercheurs indiens, qui en profitent pour plancher sur un vaccin contre la COVID-19.

« Nous sommes arrivés en décembre à Montréal », explique Gurudeeban Selvaraj, qui est venu avec sa conjointe, Satyavani Kaliamurthi, elle aussi chercheuse. « Nous travaillions alors à l’Université technologique du Henan en Chine, avec laquelle Concordia a des liens de recherche. En février, il nous est apparu clairement que nous ne pourrions pas retourner en Chine rapidement. Nous avons commencé à travailler avec des collègues chinois sur des médicaments et un vaccin contre la COVID-19.

« En mars, alors qu’il nous restait seulement un mois à passer au Canada, nous nous sommes rendu compte qu’il ne serait pas non plus possible de rentrer chez nous en Inde, dans le Tamil Nadu. Alors notre collègue Gilles Peslherbe a fait des démarches pour que nous puissions rester plus longtemps ici pour continuer notre travail sur la COVID-19. »

Modélisation numérique d’un vaccin

Les deux chercheurs indiens sont venus au Canada grâce à une bourse du programme Mitacs, qui est financé par les provinces canadiennes. Au Centre de recherche en modélisation moléculaire (CERMM) de Concordia, que dirige M. Peslherbe, ils devaient travailler sur les biomarqueurs du cancer du poumon dans le cas de M. Selvaraj, et sur des adjuvants dans le cas de Mme Kaliamurthi. Les adjuvants sont des protéines qu’on ajoute aux médicaments pour rendre leurs principes actifs biodisponibles, c’est-à-dire plus facilement absorbables par le corps.

« Nous faisons maintenant une modélisation numérique d’un vaccin contre la COVID-19, ainsi que sur des adjuvants, qui devrait être terminée d’ici trois à six mois, dit M. Peslherbe. J’attends la confirmation d’Immigration Canada qu’ils pourront terminer ces travaux. » Le directeur du CERMM est en contact avec des sociétés pharmaceutiques qui pourraient commencer rapidement des essais cliniques une fois la modélisation terminée.

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Gilles Peslherbe

« Si tout va parfaitement bien, on pourrait avoir un vaccin disponible en 2021, dit M. Peslherbe. Nous avons une collaboration avec une entreprise capable de synthétiser les molécules et également avec un laboratoire habilité à faire des études cliniques sur le coronavirus, avec un niveau de sécurité 4. »

C’est la première fois que le CERMM, un tout nouveau laboratoire, s’approche d’essais cliniques d’un médicament ou d’un vaccin conçu par modélisation numérique d’un virus et du système immunitaire humain.

En Chine, M. Selvaraj travaillait sur un autre aspect du cancer du poumon, et Mme Kaliamurthi sur un vaccin contre le VPH, virus associé au cancer du col de l’utérus. « Ici, ils apprennent la modélisation numérique pharmaceutique et ils nous apportent leur expertise en cancer du poumon et en vaccinologie. »

En quoi consiste le lien entre cancer du poumon et COVID-19 ? « C’est un lien indirect, dit M. Peslherbe. [Gurudeeban Selvaraj] travaillait beaucoup sur les médicaments, et il a aussi entrepris depuis février des collaborations avec ses collègues chinois sur des médicaments contre la COVID-19, comme le remdésivir. »