(Montréal) C’est maintenant au tour de travailleuses qui prodiguent des soins aux aînés à leur domicile de demander au gouvernement Legault de décréter leurs conditions de travail, elles qui gagnent moins de 15 $ l’heure.

Sylvie Nelson, présidente du Syndicat québécois des employés de service, affilié à la FTQ, qui en représente 1000, a adressé une lettre en ce sens au ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet.

À moins de 15 $ l’heure, ces travailleuses « méritent de meilleures conditions de travail. Elles participent, jour après jour, à désengorger les CHSLD », a rappelé Mme Nelson.

Il s’agit de préposées dans les services privés d’aide à domicile, auprès des personnes en perte d’autonomie ou des personnes handicapées.

Elles donnent des bains, cuisinent, font des courses et de l’aide domestique pour ces personnes. Elles peuvent même administrer des médicaments, procéder à du gavage, s’occuper de personnes qui ont eu une trachéotomie ou une stomie.

Ces travailleuses sont employées, en sous-traitance, par des entreprises d’économie sociale, des agences privées de travail temporaire ou par des personnes qui touchent un « Chèque d’emploi service » pour ces soins et services.

Un décret de convention collective permet d’accorder des conditions de travail minimales à l’ensemble des travailleurs d’un secteur d’activité, qu’ils soient syndiqués ou non.

« L’effet sur l’attraction, mais surtout sur la rétention de la main-d’œuvre, profiterait à toutes les entreprises visées par un décret et contribuerait à leur pérennité », a fait valoir Mme Nelson.

Il existe déjà de tels décrets dans les agences de sécurité, l’entretien d’édifices publics et les services automobiles. Ces décrets sont gérés par des comités paritaires employeurs-employés.

Des appuis

La demande du SQEES a été appuyée par des usagers qui reçoivent ces Chèques d’emploi service, notamment par le groupe Ex aequo, qui en représente.

« Il est urgent que le gouvernement agisse pour aider le secteur privé du soutien à domicile, puisque la pénurie de main-d’œuvre cause d’importantes interruptions dans les services », fait valoir François Allard, agent de défense des droits au groupe Ex aequo.

Il rappelle que ces travailleuses « effectuent les mêmes tâches que certaines catégories d’emploi dans le réseau public, tout en étant significativement moins rémunérées ».

De même, le Réseau de coopération des entreprises d’économie sociale d’aide à domicile, qui regroupe cette fois des employeurs, appuie aussi une augmentation des salaires, mais souligne que les entreprises d’économie sociale devront être compensées par Québec, le cas échéant.

« La reconnaissance du travail des préposés de l’aide à domicile doit inévitablement passer par une bonification du salaire de celles-ci », a écrit le Réseau de coopération dans un communiqué.

Le Réseau souligne que 8700 préposés à l’aide à domicile oeuvrent auprès de 100 000 usagers dans les entreprises d’économie sociale d’aide à domicile (EESAD).

Et 70 % des personnes servies par ces entreprises d’économie sociale sont des femmes seules, de plus de 70 ans et ayant un faible revenu.