(Ottawa) Deux adultes qui ont reçu des diagnostics positifs à la COVID-19 se sont retrouvés cette semaine dans l’unité des soins intensifs d’un hôpital pour enfants de Montréal : un signe que le système hospitalier québécois est mis à l’épreuve en raison de la pandémie.

Les hôpitaux de certains secteurs sont contraints de réaffecter certaines unités, et de collaborer entre eux en dépit des nombreuses cloisons qui les séparaient jusqu’à tout récemment.

L’équipement, les soins infirmiers, les procédures médicales, les médicaments et même les mesures d’urgence sont différents, mais le personnel pédiatrique et les hôpitaux pour enfants ont réalisé qu’ils peuvent s’occuper des adultes, également.

« Le virus nous a poussés à aller à des endroits que nous n’aurions jamais imaginés », a dit la Dre Valérie Homier, médecin urgentologue et spécialiste en médecine d’urgence au Centre universitaire de santé McGill.

Les hôpitaux pour enfants des quatre coins du pays se sont préparés à faire face à une telle situation.

L'Hôpital de Montréal pour enfants, qui a soigné deux adultes, et l’hôpital Royal Victoria ont entamé leurs préparatifs au début du mois de mars. Puisque le virus frappe plus sévèrement les adultes que les enfants, les lits des hôpitaux pour enfants ont été ouverts aux patients adultes, a expliqué Mme Homier.

« Au départ, nous avons rencontré de la résistance, ce qui était approprié pour des motifs de sécurité », a-t-elle dit.

Mais l’Hôpital pour enfants a commencé à former son personnel, à commander de l’équipement médical pour adultes et à mettre en place des procédures pour prendre soin des adultes.

« Même si un patient demeure un patient, nous faisons les choses différemment en pédiatrie », a souligné Cindy McCartney, gestionnaire des ressources en soins infirmiers à l’Hôpital de Montréal pour enfants.

L’hôpital a dû commander des brassards de pression artérielle de taille adulte, des cathéters, des produits pour incontinence et d’autres fournitures. Même la façon dont les patients sont reliés aux moniteurs a été adaptée.

Mme McCartney a ajouté que les principales différences sont observables sur le plan des soins quotidiens aux patients.

« Les soins offerts à un adulte à l’unité de soins intensifs (USI) sont différents de ceux d’un enfant, a-t-elle poursuivi. Les premiers signes de détérioration de l’état de santé sont différents. »

D’ailleurs, les rythmes cardiaque et respiratoire sont différents chez les adultes, et des médicaments alternatifs ont dû être commandés.

« Nous avons imprimé un aide-mémoire et l’avons distribué partout dans l’aile », a dit la Dre Tanya Di Genova, médecin aux soins intensifs pédiatriques et directrice médicale du cheminement des patients à l’Hôpital de Montréal pour enfants.

Le week-end dernier, deux adultes atteints de la COVID-19 sont devenus de bons candidats pour l’USI de l’Hôpital pour enfants. Même si l’hôpital Royal Victoria n’était pas prêt à les recevoir, l’équilibre précaire entre la réorganisation des ressources pour venir en aide aux patients, notamment dans l’unité de cardiologie, et les soins à l’USI a nécessité le déclenchement du plan d’urgence à l’Hôpital pour enfants.

« C’est plus simple d’offrir des lits qui sont déjà libres avec le personnel adéquat que de trouver de nouveaux lits et former du nouveau personnel », a relaté Mme Homier.

Les deux hôpitaux montréalais travaillent donc ensemble, et prévoient maintenant ouvrir un pôle dans l’USI pédiatrique dont l’accès sera restreint afin de prendre soin des patients adultes.

« Nous sommes tous dans le même bateau, a dit Mme McCartney. Des gens qui ne se connaissaient pas auparavant travaillent maintenant ensemble… Ç’a été une expérience très enrichissante, qui transformera notre façon de procéder. »