(Montréal) Le gouvernement du Québec suspend temporairement les droits d’accès des parents d’enfants placés en famille d’accueil, pour limiter la propagation du nouveau coronavirus.

Ces enfants qui vivent en famille d’accueil, notamment à la demande de la DPJ, n’auront plus de « contacts en présence physique » de leurs parents biologiques, leurs grands-parents ou d’autres proches, si le directeur de la DPJ juge que cela ne peut être fait de façon sécuritaire.

La ministre de la Santé, Danielle McCann, a signé jeudi un arrêté ministériel à cet effet.

CAPTURE D’ÉCRAN

Danielle McCann

Il vise « à protéger la santé de la population dans la situation de la pandémie de la COVID-19 ».

Québec a déclaré l’urgence sanitaire la semaine dernière, est-il rappelé dans l’arrêté.

Ainsi, la ministre suspend les conclusions des jugements des tribunaux accordant aux parents des droits de visite ou des droits de sortie aux enfants vivant en famille d’accueil, « dans la mesure où le directeur de la protection de la jeunesse considère, suivant les recommandations de la santé publique, que ces conclusions ne peuvent être respectées d’une façon qui protège la santé de la population ».

La DPJ doit ainsi prévoir d’autres façons de maintenir les contacts parents-enfants de façon sécuritaire, notamment par des moyens technologiques, est-il écrit. L’on peut penser ici à des conversations par téléphone ou par Skype, parmi d’autres plateformes qui permettent de se voir en bavardant.

Cette semaine, des familles d’accueil ont manifesté leurs inquiétudes.

Elles jugeaient que les directives n’étaient pas claires sur les contacts permis entre les enfants et leurs parents, et ne voulaient pas que leurs maisons deviennent des foyers de contagion de la COVID-19. Certaines s’étaient fait menacer d’outrage au tribunal si elles refusaient les visites et les sorties qui avaient été autorisées par un juge.

Ces familles craignaient que des enfants se rendent en visite chez leurs parents, y soient en contact avec une multitude de personnes, et reviennent ensuite dans leur famille d’accueil où ils pouvaient alors contaminer d’autres petits — ou même les parents du foyer.

La Centrale des syndicats démocratiques (CSD), qui représente de nombreuses familles d’accueil au Québec, avait exigé des directives claires.

Vendredi, après avoir pris connaissance de l’arrêté ministériel, la CSD se déclarait satisfaite à première vue. « C’est un pas dans la bonne direction », a déclaré en entrevue Éric Perreault, conseiller syndical auprès de la CSD.

Mais il s’inquiétait de la marge de manœuvre laissée au directeur de la protection de la jeunesse de chaque région, qui peut évaluer si la santé publique est en danger ou non.

« Nous devrons en mesurer l’application terrain avant de pouvoir affirmer que nous sommes entièrement satisfaits », a-t-il ajouté.