(Toronto) Le directeur de la santé publique en Ontario recommande que tous les bars et restaurants de la province soient fermés, à l’exception de ceux qui font la livraison ou qui préparent des plats à emporter.

Le docteur David Williams, médecin hygiéniste en chef, recommande par ailleurs que toutes les écoles et garderies privées ferment aussi leurs portes, tout comme les églises et autres lieux de culte.

PHOTO FRANK GUNN, LA PRESSE CANADIENNE

Le docteur David Williams

Il déconseille par ailleurs les rassemblements de plus de 50 personnes, conformément à une recommandation fédérale. L’Ontario a déjà ordonné la fermeture de toutes les écoles publiques pendant deux semaines, après la semaine de relâche de mars.

L’Ontario a signalé lundi 32 nouveaux cas confirmés de la COVID-19, portant le bilan total à 177 cas dans cette province. Les autorités indiquent que ces nouveaux patients se sont tous isolés de la communauté, mais on savait pour l’instant peu de choses sur leur âge et sur la façon dont ils ont été infectés.

Le gouvernement de Doug Ford veut par ailleurs adopter une loi d’urgence qui garantira que les personnes contraintes de rester à la maison en raison de la COVID-19 ne perdront pas leur emploi.

La « loi d’urgence » ne protégera pas le salaire des travailleurs, car ceux qui ne peuvent pas aller au travail à cause du virus devraient compter sur l’assurance-emploi ou à une autre aide d’Ottawa. La loi ontarienne de sécurité d’emploi devrait rester en vigueur jusqu’à ce que l’épidémie ait été vaincue, a déclaré lundi le ministre du Travail, Monte McNaughton.

Le premier ministre Ford a soutenu que les Ontariens ne devraient pas avoir à se soucier de leur sécurité d’emploi s’ils devaient se mettre en quarantaine ou s’isoler, ou encore s’ils devaient rester à la maison pour s’occuper des enfants ou d’autres personnes. Il a par ailleurs prévenu les Ontariens que la crise sanitaire causée par la COVID-19 est grave et qu’elle aura des « répercussions économiques mondiales dévastatrices ».

Le ministre des Finances, Rod Phillips, a par ailleurs annoncé que le dépôt du budget de la province, ce printemps, est reporté à l’automne. M. Phillips présentera plutôt le 25 mars des perspectives économiques sur un an, qui détailleront les ressources financières disponibles pour des secteurs tels que les soins de santé et les municipalités. La semaine dernière, déjà, la province avait annoncé un fonds de prévoyance de 100 millions pour la COVID-19.

Services aux citoyens

Par ailleurs, à la suite de plaintes concernant de longs délais d’attente pour accéder à la ligne d’aide Télésanté Ontario, la ministre de la Santé, Christine Elliott, a annoncé lundi que le gouvernement ajoutait plus d’infirmières en renfort au système. Environ 130 infirmières supplémentaires ont été déployées pour l’évaluation des symptômes et les éventuelles références dans le réseau.

Le gouvernement travaille également avec l’Association des infirmières autorisées de l’Ontario afin de mettre à contribution ses 44 000 membres, a déclaré la ministre Elliott.

Le médecin hygiéniste en chef rappelle qu’à moins de symptômes graves ou d’une urgence médicale, les citoyens devraient demeurer à la maison en attendant de parler à une agente de Télésanté.

La ministre Elliott a également annoncé que les centres de détention pour mineurs avaient été invités à suspendre toutes les visites personnelles, les activités bénévoles et les sorties autorisées.

De nombreuses entreprises et gouvernements ont par ailleurs demandé à leurs employés de travailler à la maison, lundi, et plusieurs détaillants non alimentaires et clubs de conditionnement physique ont annoncé qu’ils fermeraient temporairement leurs portes et demanderaient à leurs employés de rester à la maison.

Trente dirigeants de certaines des plus grandes entreprises du pays ont aussi lancé un cri de ralliement au milieu des affaires canadien pour faire du ralentissement de la propagation du coronavirus leur seule priorité malgré les difficultés économiques.

Dans une lettre ouverte publiée lundi dans le quotidien Globe and Mail, la trentaine de chefs d’entreprises, dont les dirigeants des plus grandes banques et de sociétés de ressources naturelles, notent que si l’on n’adopte pas de mesures draconiennes maintenant, ce sera encore pire plus tard.

Les chefs d’entreprises exhortent ainsi les employeurs à interdire tous déplacements non essentiels, à permettre aux employés de travailler à la maison, à garantir la mise en place d’une indemnité de maladie et de soins de santé mentale, et à annuler les rencontres en personne.

« Les gouvernements de tout le pays ont agi, mais ces mesures ne seront efficaces que si tous les employeurs se mobilisent et font leur part pour protéger la santé et le bien-être du pays », écrivent-ils.