Ça aura pris beaucoup de temps, mais Dominique Ollivier a enfin vu la lumière : la numéro 2 de la Ville de Montréal a démissionné.

Rappel des faits : quand elle était patronne de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM), cet organisme permettait à une clique de dirigeants de voyager un peu partout dans le monde aux frais du contribuable, sans reddition de comptes digne de ce nom.

Ce sont les médias de Québecor qui ont révélé l’existence d’un immense plat de bonbons au sein de l’OCPM.

Mme Ollivier a ainsi pu facturer des frais de voyage à l’OCPM, ce qui n’est rien de scandaleux en soi. Ce qui l’était, scandaleux, c’est que l’OCPM était une sorte de club de voyages pour initiés : tous les prétextes semblaient bons pour monter dans un avion… Alors que l’utilité même de l’OCPM aurait dû pousser ses dirigeants à un peu de retenue et de modestie quant aux dépenses, financées à 100 % par le contribuable montréalais.

Mme Ollivier a facturé à l’OCPM un souper d’huîtres à 347 $ lors d’un séjour à Paris, pour l’anniversaire d’un collaborateur. Une goutte d’eau (salée) sur un budget de 3 millions. Un symbole gênant du free-for-all auquel présidait Mme Ollivier lors de son passage à l’OCPM.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Dominique Ollivier

Mme Ollivier s’est défendue avec pugnacité… Elle a refusé de s’excuser, avec beaucoup d’aplomb, espérant que la tempête politique finirait par passer. La tempête n’a pas fini par passer.

Le plan de comm de l’Hôtel de Ville ne changeait rien à l’essentiel : présidente de l’OCPM, Mme Ollivier n’a rien fait pour empêcher qu’une clique d’amis dépense sans trop de garde-fous, contribuant elle-même à ces excès.

Ces révélations enlevaient à Dominique Ollivier, devenue gardienne des finances de la Ville de Montréal, à la veille de présenter un budget en forme de ceinture à resserrer, toute crédibilité à parler de fonds publics.

Parlant de plan de comm… Je cite la dépêche annonçant la démission de la « ministre des Finances » de la mairesse Valérie Plante : Mme Ollivier a expliqué sa démission en évoquant une quantité importante de messages « violents, misogynes et racistes » reçus dans les derniers jours. « Vous comprenez que dans ce genre de contexte là, alors que nous avons d’importants rendez-vous devant nous […], ça devient absolument impossible de permettre que la controverse actuelle mine la confiance de la population. »

Après avoir chroniqué sur Mme Ollivier la semaine dernière, j’ai moi-même reçu des messages racistes mettant en cause l’élue en tant que femme noire. Je suis convaincu que Mme Ollivier a reçu de ces messages horribles. On ne dira jamais assez que les femmes, et les femmes racisées, sont la cible d’attaques disproportionnées dans la sphère publique. C’est répréhensible et c’est condamnable.

Cependant, invoquer ces attaques pour justifier sa décision de démissionner me semble, encore une fois, un déni de réalité de la part de Mme Ollivier.

Ce qui a miné la confiance des Montréalais envers Mme Ollivier est cette contradiction, dont elle est l’unique responsable : on ne peut pas gérer les fonds publics (comme numéro 2 de la Ville) quand on a permis de les dépenser tout croche (comme présidente de l’OCPM).

Si Mme Ollivier ne voit pas cette contradiction intenable, c’est de l’aveuglement volontaire.

Le reste n’est que du spin politique.

J’aurai par ailleurs une pensée pour les Air Miles de tous ceux qui ont voyagé pour le compte de l’OCPM de Montréal pour répandre la bonne parole de la « démocratie participative » (et pour les écouteurs à 900 $ de la successeure de Mme Ollivier) quand je vais constater la hausse de mon compte de taxes municipales, cette semaine.