À quand remonte la dernière bonne nouvelle pour le Parti québécois (PQ) ? Fermez les yeux et cherchez…

Depuis 2008, le PQ baisse chaque élection générale, autant en pourcentage de votes qu’en nombre de députés. Seule exception : un sursaut de quatre sièges en 2012, dans une victoire douce-amère avec un gouvernement minoritaire obtenu face aux troupes libérales pourtant usées de Jean Charest.

En fait, le dernier gain dans une partielle pour le PQ date de novembre 2010, quand André Simard raflait de justesse Kamouraska-Témiscouata.

Le train péquiste réussit enfin à appliquer le frein et à renverser la vapeur. Et il le fait de façon inespérée : à Québec, terre hostile. Dans une circonscription que le parti n’avait jamais remportée.

Cela explique l’euphorie vue au Normandin de Sainte-Foy lundi soir, où les sourires se mêlaient aux larmes. Ça et l’avance écrasante face à la CAQ, au-delà de toutes leurs attentes.

Le PQ passe de trois à quatre députés. Il gagnera un peu de visibilité grâce à sa recrue Pascal Paradis. Cet ex-directeur d’Avocats sans frontières Canada est déjà capable de ferrailler devant les caméras.

Le PQ est désormais un quatuor. Sa présence ne se limite plus à la Gaspésie et au Bas-Saint-Laurent, avec un siège accidentel dans Montréal (Camille-Laurin) à cause du désistement de la rivale solidaire de Paul St-Pierre Plamondon (PSPP), surprise à voler des dépliants dans les boîtes aux lettres…

Le PQ reste très loin du pouvoir. Il a encore trois fois moins de députés que les solidaires, et près de cinq fois moins que les libéraux. Mais c’est surtout le symbole qui compte.

PSPP et M. Paradis nettoient leur parti de cette odeur de déclin. Cela les aidera à amasser plus de dons. Et à être davantage pris au sérieux quand ils interviennent sur divers sujets.

Leur victoire elle-même s’explique sans doute aussi par la symbolique. Selon mes conversations avec les différentes formations, il n’y avait pas de dossier central à cette campagne. Par exemple, le troisième lien Québec – Lévis ne touchait pas vraiment les résidents de Sillery et de Sainte-Foy. L’effet fut au mieux indirect – la parole de François Legault a été mise en doute.

C’était probablement moins une affaire d’enjeu que de message. Pour un caquiste, quelle était la motivation d’ajouter un 90député à l’équipe ?

Par contre, ceux qui commençaient à juger le gouvernement un peu trop confiant voulaient se faire entendre. Il ne leur restait qu’à trouver un messager.

En début de campagne, la loyauté de M. Paradis a été remise en question – il souhaitait devenir ministre pour la CAQ en 2022. Mais le PQ a récupéré l’affaire à son avantage en faisant de la partielle un duel. Les sondages nationaux – ainsi qu’un sondage régional avec une incertitude élevée – ont renforcé cette impression.

PSSP semble avoir fédéré le vote des mécontents. Selon des échos entendus, des sympathisants libéraux et conservateurs lui donnaient une chance. D’autant plus qu’on se disait que pour le PQ, un député de plus, cela faisait une différence énorme.

Une aura de romantisme flottait autour de PSPP, qui jouait la carte de l’idéaliste négligé, en canalisant certains mythes populaires péquistes.

La démographie a aidé le PQ.

Le rôle des 65 ans et plus semble avoir été déterminant. Plus des deux tiers des électeurs de cette tranche d’âge ont voté. Chez les 18-34 ans, le taux de participation dépassait à peine 20 %, selon les données qui circulaient lundi en début de soirée.

De façon générale, les jeunes votent déjà moins. Et cette fois, il n’y avait pas de bureau de scrutin sur les campus. Quand on annonce que la partielle sera un duel entre les deux teintes de bleu, c’est peu tentant de prendre une heure d’une radieuse journée d’automne pour cocher son petit « x ». Particulièrement quand vous savez que le candidat solidaire, Olivier Bolduc, n’était pas le premier choix de l’exécutif national, qui aurait aimé voir une femme.

Peu importe, ce résultat décevant pour QS va alimenter les débats durant la course au porte-parolat féminin entre Mmes Ghazal, Labrie et Lessard-Therrien.

Pour les libéraux, l’échec est encore plus douloureux. L’électorat plus âgé leur était habituellement favorable. Mais cette partielle montre encore une fois que les francophones les larguent. Cela n’incitera pas les volontaires à se bousculer pour leur course à la chefferie. Leur machine électorale n’est plus ce qu’elle était. Les données servant à faire le porte-à-porte n’étaient pas aussi fines que celles de leurs adversaires, semble-t-il.

Il serait exagéré de comparer cette partielle à celle dans Louis-Hébert en 2017, où Geneviève Guilbault avait pavé la voie à la victoire caquiste l’année suivante. Cette fois, on est à trois ans de la prochaine campagne. N’empêche qu’avec une telle débandade, M. Legault a vécu sa pire journée politique depuis juin 2015 quand il avait perdu Chauveau.

Pour le PQ, c’est le contraire. Après tant d’attente, le soleil vient de percer les nuages.