Vendredi 11 h, point de presse de la Santé publique. Enfin ! On était en manque. Déjà qu’on va perdre District 31 dans quelques jours, enlevez-nous pas notre dose de COVID-19 en plus.

Ça commence. Le bon docteur Boileau apparaît dans son bureau gris. Bon, c’est sûr que ce n’est plus la superproduction que c’était. Pas de gros drapeaux du Québec. Pas de grosses vedettes à l’écran. Seulement le directeur et ses deux acolytes. C’est la version télé communautaire. À la bonne franquette. Les journalistes aussi sont plus lousses. L’un d’entre eux échappe : « Tabarnak, tu m’as volé ma question, ostie ! » Mollo, mollo ! Que celui qui ne s’est jamais fait surprendre avec un micro ouvert lui lance le premier Will Smith.

L’ironie, c’est que ce quiproquo est le fait saillant du Zoom-zoom. À part ça, c’est ça. Pourtant, il y a plus de 1600 hospitalisations, et la tendance à la hausse risque de s’amplifier durant les prochains jours. Il y a 3572 nouveaux cas répertoriés. 3572, c’est beaucoup ! Surtout quand on ne teste plus personne et qu’en réalité, on aurait 30 000 nouveaux cas par jour ! 30 000, ça mérite un « tabarnak » aussi !

En d’autres temps, de telles statistiques nous auraient valu des mines déprimées et des mesures coercitives au dernier degré. Aujourd’hui, rien de ça. Avec l’air blasé d’un médecin qui nous dit de surveiller notre alimentation, le Dr Boileau nous encourage à avoir des comportements responsables. C’est tout. J’veux ben, mais c’est quoi, avoir des comportements responsables ? Est-ce qu’il y a une vidéo quelque part qui nous les montre ?

À 11 h 36, RDI en a assez. Bye, bye, Santé publique, on revient aux vraies nouvelles. Ben là ! Personne n’a posé LA question qui nous turlupine tous : « Qu’est-ce qu’on fait à Pâques ? » Le journaliste qui s’est fait voler sa question aurait pu la poser, surtout que si on se fie à son langage, la religion chrétienne semble être l’une de ses préoccupations.

Pâques 2022 sera donc la première fête, en deux ans, pour laquelle nous n’avons aucune recommandation précise. On se fie à notre jugement.

J’veux ben me fier à mon jugement, mais la pogne là-dedans, c’est que mon voisin ne se fiera pas à mon jugement, mais au sien. C’est ça qui est épeurant.

Déjà que Pâques est une fête très vague. Premièrement, on ne sait jamais quand c’est. Ça change tous les ans. Chaque personne à qui on le demande nous donne une date différente. Et puis, on ne sait jamais trop qui inviter. Noël, c’est la famille. La Saint-Valentin, c’est la douce moitié. La Saint-Jean, c’est les saoulons. Mais Pâques, c’est qui ? C’est tous ceux qu’on a déjà invités à Pâques, et qui ne le prendraient pas si on ne le refaisait pas. Cela dit, c’est sûr que le moratoire de deux ans, virus oblige, nous donne une raison de ne pas renouveler certains privilèges. Si vous voulez annuler des proches, c’est cette année ou jamais.

De toute façon, peu importe la célébration, on finit toujours avec le même monde dans la maison. Mais où trace-t-on la ligne ? La famille immédiate ? La famille élargie ? La famille répandue ? C’est quoi, le chiffre ? 10 ? 20 ? 30 ? À combien ça devient dangereux ? Si on se fie aux expériences passées à Pâques, faudrait éviter d’être 13 à table. Pour les lecteurs qui ne la comprennent pas, demandez au journaliste.

Comment démêler nos convives ? On priorise les quadruplement vaccinés, les triplement vaccinés, les doublement vaccinés, les simplement vaccinés, les pas vaccinés ? Les ceux qui ont eu la COVID une fois, deux fois, trois fois ? Ceux qui ont des symptômes mais qui sont négatifs, ceux qui n’ont pas de symptômes mais qui sont peut-être positifs ? On achète des trousses de tests rapides en chocolat et on en donne à tout le monde ?

Qu’est-ce qu’on fait avec ceux qui viennent de l’avoir et qui se sont isolés durant cinq jours, comme demandé, mais qui sont contagieux durant 10 jours, comme spécifié ?

Pâques étant la fête d’un gars ressuscité après seulement deux jours d’isolement au ciel, on prend-tu une chance ?

On était-tu ben quand on décidait de rien ! J’le sais que c’est nous qui avons demandé la levée du confinement et du couvre-feu. On en avait assez d’être traités comme des enfants. Il était plus que temps de nous redonner nos libertés. On est assez grands pour se gérer. Mais on parlait uniquement de nous. De notre petite personne. Pas du Québec au complet !

Le congé pascal 2022 sera la plus grosse profession de foi du nouveau millénaire. On fait confiance au peuple. À ceux qui ont choisi Barrabas. Espérons qu’il ne se trompera pas deux fois.

Notre planche de salut, c’est que la COVID-19 soit encore plus tannée de nous qu’on est tannés d’elle. Et qu’elle choisisse de nous délaisser.

Bref, il vous reste une semaine pour organiser une fête de Pâques responsable. Bonne chance !