Des élections inutiles à Ottawa, une opposition absente à Québec, des débats où les gens ne s’écoutent pas, des services publics rafistolés à la broche et une crise écologique qui attend encore d’être prise au sérieux. Voici le meilleur du pire de 2021.

La gaffe : le débat en anglais

PHOTO ARCHIVES REUTERS

Le débat des chefs en anglais, le 9 septembre dernier. Au premier plan, la modératrice Shachi Kurl, patronne de la firme Angus Reid. À gauche, le chef du Bloc québécois Yves-Francois Blanchet.

Parler de gaffe, c’est déjà trop gentil. Par définition, une gaffe est une erreur non préméditée, un dégât que l’on s’empresse de ramasser avec un degré minimal de honte. Mais des regrets, de la honte, ou même de la lucidité, il n’y avait pas la moindre trace chez Shachi Kurl. Le consortium des médias canadiens a eu l’étrange idée de demander à la patronne d’Angus Reid d’animer le débat des chefs en anglais, lors des élections fédérales. Elle n’a même pas essayé de feindre l’objectivité. Sa première question, désormais célèbre, était une attaque contre le chef du Bloc.

Selon elle, le Québec a un problème particulier de racisme et la protection du français ou la défense de la laïcité le prouveraient. L’inquisitrice demandait donc à Yves-François Blanchet de se défendre.

Le plus ironique, c’est qu’Angus Reid avait récemment publié un sondage qui démontrait que le Québec n’était pas plus raciste que le reste du pays. Idem pour les sympathisants du Bloc, qui se situent dans la moyenne.

Au moins, la démarche fut cohérente : une question stupide pour lancer un débat raté du début à la fin.

Le feu de paille : la vaccination obligatoire

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Le ministre de la Santé, Christian Dubé

Ce qui brûlait à en calciner les sourcils l’automne dernier, c’était la crédibilité du ministre de la Santé, Christian Dubé. Il brandissait le bâton : les employés du secteur de la santé devraient être vaccinés. Sinon, pas de travail. Il leur donnait deux mois. Mais il a lancé une menace sans savoir s’il serait capable ou non de la mettre à exécution.

Très vite, il est apparu que le réseau de la santé était trop fragile pour se permettre de perdre ces milliers de travailleurs récalcitrants. Malgré tout, le ministre a maintenu son bluff. Les ordres professionnels étaient même prêts à suspendre la licence de leurs membres non vaccinés ! Voyant que son plan échouait, M. Dubé a prolongé ce faux suspense en reportant sa menace d’un mois. Il a finalement piteusement cédé avant l’ultime échéance.

La prise du sommeil : le troisième lien, un projet « écologique » !

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Le premier ministre François Legault lors d'une conférence de presse sur le troisième lien

Essayons de rester aussi consensuel que possible pendant un paragraphe. Vous appuyez le troisième lien Québec-Lévis ? Moi non plus. Mais bon, le gouvernement Legault adore le projet. Il en a le droit. Cela devrait toutefois pouvoir se faire en ayant un respect minimal pour le quotient intellectuel du peuple.

Plusieurs caquistes ont qualifié le projet… d’« écologique » ! Cette route deviendra même carboneutre en 2050, promet le gouvernement, sans comptabiliser les émissions faites pour produire le béton, transporter la machinerie, construire les véhicules électriques ou encore ajouter les infrastructures urbaines requises par l’étalement urbain.

Vous pouvez souhaiter que le projet se construise pour développer Lévis, pour écourter le transport de marchandises ou pour dépanner en cas de travaux sur les autres ponts. Cela se défend. Mais de grâce, n’en faites pas un projet commandité par Greenpeace. Ne nous prenez pas à ce point pour des caves.

Peut faire mieux l’an prochain : le PLQ

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le cheffe libérale, Dominique Anglade

Voilà une bien rare consolation pour Dominique Anglade. L’année 2022 pourrait difficilement être pire. Les libéraux ont dégringolé dans les sondages. Ils sont désormais au quatrième rang chez les francophones, à peine devant les conservateurs d’Éric Duhaime. Le parti de Lapalme, Lesage, Gérin-Lajoie et Bourassa croupit au fond de la cave, au seuil de la marginalisation. Seuls les appuis inconditionnels des anglophones et des allophones lui permettent d’éviter le naufrage.

Ce n’est pas que Mme Anglade est mauvaise. Elle fait de son mieux avec une situation ingrate. Un peu comme François Legault en 2014, elle est prise en sandwich entre la poignée de nationalistes modérés et les multiculturalistes, entre les réformistes progressistes et les tenants de l’orthodoxie économique. Elle se situe tellement à parfaite distance de tout le monde que personne ne réussit à l’entendre.

Le tic-tac se fait de plus en plus bruyant. Les élections arrivent dans 10 mois.