Une dizaine de débats thématiques ont réuni Valérie Plante et Denis Coderre au cours des dernières semaines. Mais le premier vrai duel a eu lieu jeudi soir sur un plateau de LCN.

Ce face-à-face, qui incluait également Balarama Holness, chef de Mouvement Montréal, a été à la fois enlevant et terriblement énervant.

Le concept reposait sur des échanges à deux ou à trois avec des interventions nuancées et nombreuses de Pierre Bruneau. Pendant 20 minutes, j’ai pensé que c’était une bonne formule.

Enfin, on ne nous faisait pas sentir la présence du chronomètre. Cela servait les propos et les idées des trois candidats.

Mais ça n’a pas duré. C’est rapidement devenu une foire d’empoigne cacophonique. On a eu droit à beaucoup d’animosité.

Valérie Plante a multiplié les interventions et a souvent parlé par-dessus ses deux interlocuteurs. La régie a dû même baisser son micro à quelques reprises.

Elle avait tendance à terminer ses répliques par un éclat de rire. « Quand vous riez, vous êtes nerveuse. Arrêtez de rire, c’est trop sérieux, l’habitation », lui a asséné Denis Coderre lors d’un échange virulent sur la question du règlement 20-20-20 portant sur le logement social, abordable et familial.

Ouille ! Valérie Plante n’a pas apprécié ce commentaire. Comme elle n’a pas aimé que l’ancien maire de Montréal affirme qu’elle ne « connaissait rien aux finances ».

Denis Coderre a conservé son calme tout au long de ce débat qui a duré plus d’une heure. Mais il n’a pas réussi à s’imposer et à marquer des buts comme il est normalement capable de le faire.

Il a fait bon usage de sa phrase préférée au sujet de sa rivale, à savoir qu’elle est à la tête d’un parti qui monte « les uns contre les autres ».

Il a aussi utilisé sa formule préférée quand vient le temps de faire taire ses interlocuteurs en disant « attention ». Pour sa part, Balarama Holness a cloué le bec à Denis Coderre en lui servant un « merci, Coderre ».

Au cours de la seconde moitié, Pierre Bruneau avait de la broue dans le toupet et semblait avoir hâte de rentrer chez lui.

Balarama Holness était celui qui avait tout à gagner et rien à perdre dans ce débat. Il a foncé tête baissée sur tous les sujets, avec ou sans expérience. Ses deux adversaires se sont fait un devoir de souligner ses faiblesses dans certains dossiers.

« Monsieur Holness, est-ce que vous croyez vraiment que créer un centre de biométhanisation, ça prend deux ans ? Un peu de rigueur, s’il vous plaît ! », lui a dit Valérie Plante.

De son côté, Denis Coderre lui a servi un « vous deviez jouer à Winnipeg à ce moment-là » en réplique à une critique sur l’implantation de bornes de recharge électrique sous son administration.

Sur la question de la mobilité, le chef de Mouvement Montréal a dit vouloir appliquer un règlement pour retirer les cônes orange des rues de Montréal. Euh… Mais encore ?

Il a été dans l’embarras lorsqu’à la fin du débat, il a été question du fait français à Montréal. Valérie Plante et Denis Coderre ont alors fait front commun pour lui dire que cela était « inacceptable ».

Bref, il ne faisait pas le poids face à ses rivaux qui ont tous les deux l’expérience d’un mandat comme maire.

Ce débat a été décevant, car il n’a pas permis aux candidats de véritablement échanger et d’élever leurs idées.

Ce fut le festival du « et vous, qu’avez-vous fait ? » et du « et vous, que ferez-vous ? ». Sauf qu’il n’y avait pas de réponse.

Sans doute que le sondage CROP–Radio-Canada publié jeudi, qui met à égalité Valérie Plante et Denis Coderre, a contribué à nourrir ce climat belliqueux peu constructif et d’où ne ressort aucun véritable gagnant.

Espérons que les choses se passeront différemment lundi soir, sur les ondes de Radio-Canada.

À 15 jours du scrutin, la proportion des indécis est très élevée (27 % selon le sondage CROP–Radio-Canada). Ce n’est certainement pas cette soirée qui a aidé les électeurs à se faire une idée.

Des boîtes qui font jaser

La journée de jeudi a été marquée par la promesse de Projet Montréal d’offrir dans un prochain mandat des « boîtes bienvenue bébé » à tous les nouveaux parents.

D’une valeur de 100 $, ces boîtes contiendraient des pyjamas, une couverture, des livres, des billets de métro et des bons d’achat. Cette mesure est évaluée à 2 millions de dollars par année.

Serait-il préférable d’utiliser cet argent autrement en visant des familles dans le besoin et en leur offrant une aide substantielle ? Je le pense.

Ce concept, qu’on retrouve ailleurs dans le monde, a suscité son lot de commentaires ironiques sur les réseaux sociaux. Beaucoup de gens croient que ce n’est pas à une ville d’offrir ce genre de boîte.

Certains blagueurs ont proposé des boîtes « bienvenue aux gais » et « bienvenue aux nouveaux divorcés ». Je ne vous dirai pas ce qu’on propose d’y mettre.