Des arguments pour convaincre les gens de se faire vacciner, il y en avait des puissants :

1. Sauver votre vie.

2. Sauver la vie de vos proches.

3. Retrouver une vie sociale : recevoir, sortir, s’amuser, se rapprocher, fêter.

4. Voyager.

Il faut croire que ce n’était pas assez. Il en manquait un. Celui devant lequel nul ne résiste : le cash ! Gagner de l’argent, du bel argent ! Afin d’augmenter le pourcentage de la population immunisée face à la COVID-19, le gouvernement vient de créer le concours vaccinal « Gagner à être vacciné ».

Pour les adultes ayant reçu une première dose, il y aura d’abord, du 6 août au 27 août, un tirage hebdomadaire de lots de 150 000 $. Puis, le 3 septembre, pour les adultes ayant reçu deux doses, il y aura le tirage d’un lot de 1 million de dollars.

« Comment t’es devenu millionnaire, mon chum ?

– Tu te souviens de la grosse pandémie de coronavirus ?

– Oui, c’était effrayant.

– Ben, je me suis fait vacciner et j’ai gagné 1 million.

– J’ai hâte à la prochaine catastrophe. »

Pour les jeunes âgés de 12 à 17 ans ayant reçu une première dose, il y aura d’abord, du 6 août au 27 août, un tirage hebdomadaire de deux bourses d’études de 10 000 $ chacune. Puis, le 3 septembre, pour les jeunes âgés de 12 à 17 ans ayant reçu deux doses, il y aura le tirage de 16 bourses d’études de 20 000 $ chacune.

« Pourquoi t’es devenu médecin, ma chum ?

– J’ai gagné une bourse d’études à cause d’une pandémie.

– J’espère qu’ils vont donner des bourses d’études à cause de l’écroulement d’un pont, je veux devenir ingénieure. »

Au total, c’est 2 millions de dollars qui seront injectés (excusez-la !) dans ce concours. Deux millions sur le bras de l’État et deux piqûres sur le nôtre. Bon deal.

Dans tous les cas, pour casher les premiers lots, il faut avoir reçu sa première dose avant le 3 août, et pour encaisser le gros lot, il faut avoir reçu sa deuxième dose avant le 31 août. Ça niaisera pas entre les deux doses. Astracadabra, me revoilà !

Pour participer, il faut s’inscrire, à compter du 25 juillet, sur le site de la vaccination. Pas d’inscription, no money. C’est pas instantané. Le petit pansement qu’on nous met sur l’épaule, c’est pas un gratteux.

Cette opération risque de motiver ceux qui branlent dans le manche. Ceux qui ont toujours autre chose à faire. Ceux qui craignent les effets secondaires. Un mal de tête, ça se prend mieux quand tu cours la chance de devenir millionnaire.

Le point de presse présentant le concept a été sobre et efficace. Pas de décor de poule aux œufs d’or. Pas de public criant la seringue ou la bourse ! Pas de boulier soufflant des doses. Pas de gros chèque de téléthon. Pas de slogan : « Gagner à être vacciné, ça change pas le monde, juste votre ADN ! »

Avec les prix, on a évité les fautes de goût. Imaginez si on avait tiré une croisière dans le Sud, un voyage en Chine, un kit de karaoké, un gym ou un téléphone 5G ! Loto-Québec n’a pas, non plus, fait l’erreur d’appeler ça Loto-COVID-19 et de multiplier les lots de 150 000 $ par le nombre de cas du jour, comme on faisait pour le regretté gratteux Record de chaleur qui multipliait les lots de 1000 $ par la température du jour.

Bien sûr, il y a quelque chose d’un peu absurde à transformer un drame planétaire en tombola, mais si cela convainc des hésitants à se faire vacciner, tant mieux. Plus on sera nombreux, plus on sera heureux.

À ceux qui évoqueraient des problèmes de conscience à faire des sous sur le dos d’une pandémie, rappelez-vous que les pharmaceutiques ne semblent pas trop en avoir. Si c’est bon pour la dose, c’est bon pour le dosé.

Sur ce, bonnes vacances de la construction ! C’est en sillonnant les routes du Québec, durant les vacances de la construction, que l’on constate à quel point on a besoin de la construction.