Un couple d’agriculteurs vient d’être condamné à payer 35 000 $ pour avoir affamé son troupeau de vaches laitières dans une étable insalubre.

L’affaire remonte à mai 2022, lorsque le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) reçoit une plainte pour des odeurs nauséabondes et de putréfaction près de la ferme du Long Chemin, située dans la municipalité de Villeroy, dans le Centre-du-Québec. Cette histoire a d’abord été rapportée par le média agricole La Terre de chez nous.

À son arrivée sur les lieux, l’inspectrice du MAPAQ découvre trois cadavres à l’extérieur. Lorsqu’elle entre dans l’étable, elle y constate alors une « scène horrible ».

« L’ensemble du troupeau, soit une quarantaine de vaches, était mort », a raconté Roxane Saint-Pierre dans son rapport d’inspection.

« L’étable était dans un état d’insalubrité avancée. En m’avançant dans le bâtiment, j’ai trouvé une vache agonisante, entravée avec une chaîne, couchée au sol dans un état de maigreur important », a-t-elle ajouté.

Les agriculteurs visés par les infractions à la Loi sur le bien-être animal sont Rosaire Ouellet et Lisa Dion.

« À la vue de la vache agonisante, monsieur Rosaire Ouellet semblait surpris et semblait ignorer que cette vache était à l’agonie. J’ai demandé une consultation vétérinaire d’urgence ou de mettre fin aux souffrances de l’animal. Il a refusé l’examen vétérinaire et a plutôt contacté un ami qui a procédé à l’abattage de l’animal par arme à feu », poursuit le rapport rendu public en vertu de la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels.

Dans sa déclaration, Rosaire Ouellet a affirmé avoir volontairement arrêté de nourrir ses animaux graduellement à partir du mois de mars. Les documents rendus publics n’expliquent pas pourquoi il a cessé de s’occuper de son troupeau.

Accusations criminelles ?

Dans son rapport, la Dre Brigitte Dubé, vétérinaire et coordonnatrice au bien-être animal au MAPAQ, a conclu qu’il s’agit d’un « un cas extrêmement grave de négligence et de cruauté envers les animaux ».

« Le fait que le propriétaire et le gardien aient abandonné les animaux à eux-mêmes, sans nourriture, attachés, baignant dans leurs excréments, les condamnant à une longue agonie est un acte de cruauté extrême », souligne-t-elle.

Pour l’instant, le couple n’est pas visé par des accusations criminelles. Le Directeur des poursuites criminelles et pénales ne nous a pas rappelés.

« Ce cas-là démontre encore une fois à quel point notre système de justice, c’est deux poids, deux mesures par rapport aux animaux de ferme versus les animaux de compagnie. Pour moi, c’est choquant que les accusations aient été portées en vertu de la loi provinciale et non sous le Code criminel », affirme MSophie Gaillard, directrice de la défense des animaux et des affaires juridiques et gouvernementales de la SPCA de Montréal.

« Pour moi, laisser mourir de faim presque 50 animaux, c’est un comportement criminel de cruauté animale et ça aurait mérité des accusations criminelles. Ça ne fait aucun doute dans ma tête que si c’étaient de chats ou de chiens qu’il avait été question, ce sont des accusations criminelles qui auraient été portées. »

L’avocate en droit animalier MChloé Surprenant abonde dans le même sens. « Il y a eu une aggravation des peines en ce qui concerne les articles de cruauté animale. Le législateur a déjà lancé son message comme quoi ce sont des infractions qui devraient être prises au sérieux. Ce n’est pas parce que ce sont des animaux qu’ils ne ressentent pas la douleur ou le plaisir, et quand ils sont victimes de négligence comme ça, selon moi, ce sont des comportements criminels. »