De Doualé à Lakay Nou, la diversité culturelle est de plus en plus présente sur nos écrans. Mais quel genre de représentations en fait-on ? Faut-il y voir un effet de mode ? Et surtout, en fait-on assez ?

C’est ce dont a débattu mercredi soir un panel d’experts invité par le Centre culturel afro-canadien de Montréal et l’Université de Montréal, dans le cadre du Mois de l’histoire de Noirs.

La journaliste Noémi Mercier, la professeure Pascale Caidor et l’entrepreneur Jean-Yves Roux étaient appelés à discuter de la représentation des communautés afrodescendantes dans les médias québécois.

Oui, le portrait s’améliore, ont convenu les panélistes. Et ce, même si les changements se font « petit à petit », estime Noémi Mercier.

Lorsqu’elle était enfant, les personnages racisés comme Doualé dans Passe-Partout se comptaient sur les doigts d’une main. Aujourd’hui, les jeunes peuvent écouter une émission comme Lakay Nou, mettant en vedette une famille haïtienne établie au Québec.

« Il faut applaudir ce genre de projets », souligne Pascale Caidor, professeure adjointe du département de communication de l’Université de Montréal.

La représentation est importante, explique-t-elle. Elle peut avoir une incidence sur la façon dont les jeunes se perçoivent et construisent leur identité. D’où l’importance d’avoir des représentations qui soient positives.

« Ce ne sont pas juste des représentations. Ce sont des symboles qu’on crée et qu’on reproduit », note-t-elle.

L’après-George Floyd

Pour les panélistes, la mort de George Floyd a suscité une prise de conscience dans le milieu culturel québécois.

Les salles de rédaction, par exemple, étaient des milieux « très homogènes, très blancs », remarque Noémi Mercier. Longtemps, l’ancienne cheffe d’antenne de Noovo Info a été « toute seule de [sa] gang » dans ses emplois.

Mais depuis 2020, les choses changent, remarque-t-elle. « Ça a créé toutes sortes d’initiatives, peut-être un peu parfois dans la précipitation, et elles n’ont pas toutes porté leurs fruits, mais ce genre de changements très profonds, on ne voit pas les résultats du jour au lendemain », dit-elle.

L’après-George Floyd, Jean-Yves Roux l’a aussi constaté. « La diversité est devenue un phénomène à la mode », résume le directeur sénior de la chaîne dédiée aux communautés francophones racisées, Natyf TV.

« Le changement, il est là, mais c’est encore très en surface », note-t-il, déplorant que certains aient voulu « profiter » de l’effet de mode.

Fondé en 2018, Natyf TV a toujours le même objectif : ouvrir des portes. « C’est ça, le principal problème. C’est le manque d’opportunités à des producteurs issus de nos communautés de pouvoir vivre de leur art », déplore-t-il.

« Ce qui est important, ce n’est pas seulement la représentation en général. Qui raconte les histoires ? Qui est le propriétaire [des droits d’auteur] ? Ça prend aussi des hommes et des femmes d’affaires qui sont propriétaires de boîtes de production », plaide-t-il