(Québec ) La Coalition avenir Québec (CAQ) cesse de boycotter Facebook alors qu’elle dénonçait il n’y a pas si longtemps les partis politiques qui achetaient de la publicité sur cette plateforme de Meta. François Legault leur reprochait de ne pas être solidaires des médias québécois, dont les nouvelles sont bloquées sur Facebook.

La CAQ ne dépensera pas plus de 10 % de son budget publicitaire sur Meta, selon sa directrice générale, Brigitte Legault.

La CAQ avait décidé l’été dernier de ne plus acheter de publicités sur Meta afin de dénoncer son blocage des nouvelles au Canada. Le parti de François Legault se joignait alors au mouvement de boycottage en appui aux médias.

Meta bloque les nouvelles depuis le 1er août en guise de représailles contre l’adoption du projet de loi fédéral C-18. Le texte législatif vise à obliger les géants du web à verser une compensation aux médias d’information pour la publication de leurs contenus, en négociant des ententes de partage de revenus.

L’automne dernier, lors de l’élection partielle dans Jean-Talon, François Legault avait accusé Québec solidaire et le Parti libéral de continuer d’acheter des publicités sur Facebook et Instagram pendant la campagne.

« Je trouve ça vraiment déplorable que Québec solidaire, qui devrait peut-être changer de nom, ne soit pas solidaire des journalistes et des médias québécois », avait-il affirmé.

Il plaidait alors que le boycottage est un bon moyen de faire plier Meta. « Je pense qu’on peut gagner cette bataille. Je regarde ce qui est arrivé en Australie. Ils ont réussi à convaincre Meta de donner des centaines de millions aux médias. Mais l’important est d’être solidaire », faisait valoir François Legault.

Or, la CAQ a décidé de laisser tomber le boycottage. Elle a recommencé à acheter de la publicité sur Facebook.

Rejoindre les électeurs

Brigitte Legault explique que la position du parti a changé en décembre, à la suite de l’entente conclue le mois précédent entre Google et Ottawa sur le versement de redevances aux médias canadiens. « On a décidé qu’avec Google qui signe, on peut se permettre d’aller un peu de l’avant », explique Mme Legault.

Google est une filiale de la société Alphabet. De son côté, Meta n’a pas conclu d’entente de ce genre à ce jour.

PHOTO FOURNIE PAR LA CAQ, ARCHIVES LA PRESSE

La directrice générale de la CAQ, Brigitte Legault

Selon Brigitte Legault, il est nécessaire que le parti achète des publicités sur Facebook pour rejoindre des électeurs qui ne consultent pas les médias traditionnels.

Il faut quand même rejoindre un certain niveau de gens qui ne sont pas accessibles ailleurs.

Brigitte Legault, directrice générale de la CAQ

Une autre réalité justifie la décision, selon elle. « Il y a beaucoup de médias qui ont fermé. Alors dans certaines régions, j’ai un blackout presque complet si je ne fais pas de médias comme celui-là », Facebook, souligne-t-elle.

Dépenses modestes

La directrice générale de la CAQ précise que les achats sur Facebook sont modestes pour le moment et ne dépasseront pas 10 % du budget publicitaire.

Selon le registre de Meta, la CAQ a dépensé entre 1500 $ et 2000 $ en décembre pour une publicité à l’occasion des Fêtes. Puis environ 500 $ en janvier afin de faire la promotion d’une mesure adoptée par le gouvernement Legault sur le remboursement des lunettes pour les enfants. Une dépense de 200 $ a été faite au cours du même mois pour faire valoir que le gouvernement caquiste préconise « moins de paperasse, plus de services efficaces ».

Brigitte Legault explique que certaines publicités caquistes ciblaient des régions en particulier, comme le Saguenay–Lac-Saint-Jean et le Bas-Saint-Laurent.

L’été dernier, le gouvernement du Québec s’est joint lui aussi au boycottage des plateformes de Meta. « En solidarité avec les médias, la décision a été prise de cesser toute publicité du gouvernement du Québec sur Facebook, le temps que Meta reprenne les discussions sur l’application de la loi C-18. »« Aucune entreprise n’est au-dessus des lois », disait le premier ministre François Legault le 5 juillet.

À son cabinet, on précise que le boycottage de Meta par le gouvernement se poursuit « pour le moment ».

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