L’année 2022 a été catastrophique pour les apiculteurs du Québec. Le nombre de colonies s’est effondré en raison de ravages causés par un parasite destructeur. Résultat, la production de miel d’ici a chuté de près de 35 %, montre une étude qui vient d’être publiée par l’Institut de la statistique du Québec.

Moins d’apiculteurs

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Cette situation s’explique par une mortalité hivernale exceptionnelle des abeilles.

Le nombre d’apiculteurs exploitant au moins six colonies en production a chuté de 9,5 % entre 2021 et 2022 au Québec, passant de 547 à 495. Cette situation s’explique par une mortalité hivernale exceptionnelle des abeilles. « L’hiver 2021-2022, ç’a été un désastre », explique Pierre Giovenazzo, professeur de sciences apicoles à l’Université Laval. « Il y a eu, au Canada, 45,5 % [de pertes] et au Québec, on a perdu 48 % des colonies. Et ça, c’est énorme. » À titre comparatif, la mortalité a été de 16,3 % après l’hiver 2022-2023, une situation un peu plus proche de la normale.

Un parasite ravageur

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C’est Varroa destructor, une espèce d’acariens parasites qui s’est introduite au Québec dans les années 1990, qui est avant tout responsable des pertes hivernales de 2022.

Partout dans le monde, les apiculteurs se plaignent de voir leurs colonies d’abeilles s’effondrer. Plusieurs causes sont montrées du doigt, comme les changements climatiques et l’usage de pesticides. Mais c’est Varroa destructor, une espèce d’acariens parasites qui s’est introduite au Québec dans les années 1990, qui est avant tout responsable des pertes hivernales dans la province en 2022. « C’est très difficile à contrôler », résume Pierre Giovenazzo. « C’est un parasite qui fait du dommage aux bébés abeilles et à tous les niveaux de la ruche. »

Reconstruire son cheptel

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Souvent, les nouvelles reines sont importées par avion.

Pour reconstruire leur cheptel, les apiculteurs doivent diviser les ruches les plus fortes et leur trouver de nouvelles reines. Souvent, elles sont importées par avion. « Cinquante % de ruches qui sont mortes, ça veut dire que sur les quelque 65 000 ou 70 000 ruches qu’il y avait, on est retombé à 35 000. Pendant un été, les apiculteurs ont travaillé fort pour reconstituer le cheptel », explique le président des Apiculteurs et apicultrices du Québec, Raphaël Vacher. En 2021, il y avait 74 979 colonies en exploitation au Québec. Grâce à leurs efforts, les apiculteurs ont pu remonter la pente en partie en finissant l’année 2022 avec 57 340 colonies.

Production de miel en baisse

La production de miel a baissé de 34,4 % entre 2021 et 2022. La production totale s’est établie en 2022 à environ 1483 tonnes métriques (t), par rapport à 2260 t en 2021. Le rendement par colonie a aussi baissé de 1,7 kg durant cette période. « Quand les apiculteurs ont perdu la moitié de leurs ruches, et il y en a qui ont perdu plus que ça, il faut qu’ils se refassent, qu’ils multiplient leurs colonies. Donc ils prennent des colonies fortes et ils en produisent deux ou trois petites, mais ça, ce sont des colonies qui ne produisent pas beaucoup », explique Pierre Giovenazzo.

Pollinisation

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En 2022, on a manqué de ruches pour la pollinisation au Québec.

Les insectes pollinisateurs sont nécessaires pour produire 40 % de notre assiette. Au Québec, les abeilles sont particulièrement importantes pour polliniser les bleuets et les canneberges. « Avec des pertes de 50 %, il y a des effets collatéraux, pervers. En 2022, on a manqué de ruches pour la pollinisation », déplore M. Giovenazzo. Le nombre de ruches louées est passé de 59 074 à 43 119. « Il y en a qui ont jeté l’éponge. Ça, c’est sûr », conclut M. Vacher, qui regrette l’absence d’aide gouvernementale. « Combien exactement ? Je ne sais pas. On va plus s’en rendre compte quand on va voir les statistiques de 2023. »