Le ministère de la Sécurité publique a lancé une alerte de gravité « extrême » tard dimanche soir concernant un risque de rupture de la digue Morier, en bordure du réservoir Kiamika, dans les Laurentides. Les riverains des rivières Kiamika et du Lièvre, à Chute-Saint-Philippe et à Lac-des-Écorces, ont dû quitter leur résidence d’urgence.

Les résidants du secteur concerné ont dû être évacués vers le centre sportif de Mont-Laurier et suivre les directives des autorités locales, a averti le Ministère par l’entremise de Québec en alerte passé 22 h, dimanche soir.

Le secteur touché couvre un vaste périmètre à l’est de Mont-Laurier, dans les Laurentides.

IMAGE FOURNIE PAR QUÉBEC EN ALERTE

Secteur touché par l’alerte dans les Laurentides

Cet avis d’évacuation est survenu « en raison des dangers existant à la suite d’inspection au niveau des infrastructures du barrage Kiamika, digue Morier », a indiqué la municipalité de Chute-Saint-Philippe sur sa page Facebook. Les résidants vivant près de la rivière Kiamika doivent se rendre au centre sportif Jacques-Lesage au 801, rue Alix, à Mont-Laurier.

Les résidants doivent évacuer immédiatement et prévoir ne pas avoir accès à leur résidence pendant cinq jours, a aussi précisé la municipalité de Lac-des-Écorces dans son plan d’évacuation.

« J’ai été informé d’une évacuation préventive à Chute-Saint-Philippe et Lac-des-Écorces en lien avec l’instabilité de la digue Morier », a affirmé François Bonnardel, ministre de la Sécurité publique, sur X. « Je suis la situation de près avec les équipes de la Sécurité civile. »

La Sûreté du Québec mobilisée

Sur les réseaux sociaux, les appels à l’évacuation et les questionnements de citoyens ont fusé en soirée dimanche. Malgré l’heure tardive, les familles ont dû faire leurs valises et quitter les lieux.

Des agents de la Sûreté du Québec (SQ) ont été mobilisés dans les « endroits névralgiques » du secteur en assistance au ministère de l’Environnement, à la Sécurité civile et aux municipalités concernées, a confirmé à La Presse Catherine Bernard, porte-parole de la SQ.

Des policiers ont notamment fait du porte-à-porte pour s’assurer de l’évacuation et de la sécurité de tous les résidants concernés par « l’ordre d’évacuation préventive », souligne-t-elle.

La SQ restera sur place pour établir des périmètres de sécurité et protéger les résidences évacuées, ajoute-t-elle.

Selon le répertoire des municipalités, 1018 résidants vivent à Chute-Saint-Philippe et 3025 à Lac-des-Écorces. Tous les résidants ne sont toutefois pas visés par l’avis d’évacuation.

Un barrage à « forte contenance »

Le ministère de l’Environnement est propriétaire de la digue Morier, barrage à forte contenance situé en bordure de l’immense réservoir Kiamika et de la rivière du même nom. La digue a été construite en 1954.

Cette digue de terre d’une longueur de 678 mètres et d’une hauteur de 15,85 mètres a une capacité de retenue de 382 000 000 mètres cubes d’eau, selon la fiche technique du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.

Consultez la fiche technique de la digue Morier

Le « niveau des conséquences » de cette digue est classé comme étant « très important » par le Ministère.

La dernière évaluation du barrage date de décembre 2019. Aucun correctif n’était requis, souligne la fiche technique.

Ces barrages qui ont cédé

D’autres barrages ont déjà cédé cette année au Québec, provoquant des inondations. Ç’a été le cas à Sainte-Émélie-de-l’Énergie et à Chertsey, dans Lanaudière, lors des crues printanières de 2023.

À Baie-Saint-Paul, en mai dernier, des sinistrés ont aussi vu leur demeure inondée en moins d’une vingtaine de minutes avec la rupture d’une digue de protection en plein centre-ville.

Dans Charlevoix, cet automne, un barrage en bordure du lac Monique a cédé, rapportait récemment La Presse.

Lisez notre dossier « Mais où est passé le lac ? »

L’eau a créé un sillon de plusieurs mètres de profondeur et détruit une route forestière. Le journaliste Charles Lecavalier a rapporté qu’il existe des centaines, voire des milliers de barrages à travers la province. À lui seul, le ministère de l’Environnement est propriétaire de 930 barrages gouvernementaux, soit 391 à forte contenance (comme la digue Morier), 263 à faible contenance et 276 petits barrages.