L’agence de notation Moody’s prévient que la décision du gouvernement Legault de hausser les frais de scolarité des étudiants des autres provinces et des étudiants étrangers « affecte négativement la perspective de crédit » des universités Concordia et McGill.

À l’automne 2024, les étudiants venus des autres provinces devront payer des droits de scolarité annuels d’environ 17 000 $ aux universités, soit le double du tarif actuel. Les étudiants étrangers devront payer, eux, un minimum de 20 000 $. La décision annoncée à la mi-octobre touche surtout tout particulièrement les trois universités anglophones de la province – McGill, Concordia et Bishop’s – qui ont vivement réagi.

La réaction de Moody’s, qui n’a pas décoté les universités, signifie que le coût du crédit et les capacités d’emprunt des universités McGill et Concordia pourraient éventuellement être réduits.

« Comme le changement [de politique] n’a d’impact que pour les étudiants qui ne sont pas encore inscrits, est-il écrit dans le commentaire de Moody’s, il faudra quatre ans avant que cela se reflète dans les finances de chaque institution. Cela donne du temps à l’Université McGill et à l’Université Concordia pour trouver des mesures d’atténuation [de la décision du gouvernement Legault]. Quoiqu’il en soit, toute solution qui serait basée sur l’inscription ne se mettra pas en place sans difficulté ».

Les temps sont durs pour l’Université Concordia, qui affiche actuellement un déficit de 35 millions alors que seul un déficit de 19,4 millions avait été approuvé par le conseil d’administration. L’institution a déjà annoncé à ses troupes une série d’économies à venir.

Réagissant à cette position de Moody’s, Vanina Maestracci, des relations médias à l’Université Concordia, a dit que ce n’était pas une surprise. Ce rapport « par une entité indépendante experte en évaluation financière, confirme les préoccupations mises de l’avant par Concordia depuis l’annonce de ces mesures par le gouvernement Legault – à savoir qu’elles auront un impact négatif sur Concordia et les autres universités anglophones ».

Fabrice Labeau, premier vice-principal exécutif adjoint de l’Université McGill, a indiqué que le commentaire de Moody’s était aussi prévisible qu’inquiétant. L’agence « avertit les investisseurs qu’il y a risque de baisse de la cote de crédit », fait-il observer, avec les conséquences financières majeures que cela supposerait.

Québec calcule que, par sa décision, 110 millions de dollars pourront être réinvestis dans le réseau des universités francophones.

Dans une lettre, les recteurs des universités de Montréal, Laval, Sherbrooke, de même que de HEC Montréal et de Polytechnique Montréal ont fait valoir il y a un mois que « n’importe quelle mesure qui mettrait en péril l’existence même d’une université, ou l’affaiblirait au point de la dénaturer, doit être exclue de la discussion ».