Isabelle Branco et Jean-Louis Ménard, ces deux médecins français qui étaient pris dans les dédales bureaucratiques d’Immigration et Citoyenneté Canada, ont finalement reçu mercredi un permis de travail temporaire. Le document devrait leur permettre de rester au pays au moins trois ans.

« Depuis le mois de février, on était en attente de ces permis. Enfin, notre vie va pouvoir reprendre son cours normalement. Pour nous, c’est vraiment une bonne nouvelle », s’est réjouie Isabelle Branco, jointe au téléphone mercredi soir.

Les deux médecins, installés dans les Laurentides depuis cinq ans, ont dû cesser leur pratique abruptement vendredi dernier après que le renouvellement de leurs permis de travail eut été annulé à la suite d’un cafouillage. Or, ils suivent à eux deux quelque 2700 patients.

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À l’origine, le gouvernement fédéral soutenait qu’Isabelle Branco n’avait jamais fourni le « numéro d’identification d’emploi valide » nécessaire à sa demande. La principale intéressée assurait pourtant l’avoir téléversé le 14 septembre, soit 12 jours avant de recevoir une lettre de refus.

Cette affaire avait fait grand bruit dans plusieurs médias, dont La Presse, au moment où la pénurie de médecins de famille fait mal partout au Québec. En pleine crise, Ottawa a finalement régularisé leur situation lundi, mais les deux médecins attendaient encore de connaître les détails de leurs permis de travail.

« Oui, la bureaucratie est parfois lourde, mais c’est grâce au travail de fonctionnaires et non de politiciens que nous avons pu rectifier le tir », avait écrit lundi le ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller, sur X.

Il répondait ainsi au chef conservateur Pierre Poilievre, qui s’était emparé de cette histoire en soutenant que « des fonctionnaires de Trudeau empêchent 2700 Québécois d’avoir un médecin ». « Je vais enlever la bureaucratie pour permettre aux médecins immigrants de soigner les Canadiens », avait-il dit, ce à quoi M. Miller lui a rétorqué que « gouverner, c’est plus que des slogans bidon ».

Vers la résidence permanente

Soulagés, Isabelle Branco et Jean-Louis Ménard s’affairent maintenant à obtenir leur résidence permanente, qui leur permettrait de demeurer au Canada bien au-delà de trois ans.

Ces derniers jours, l’entourage du ministre Miller avait d’ailleurs clairement laissé entendre que les demandes de résidence permanente des deux médecins étaient au « stade final » et qu’une réponse devrait leur être acheminée rapidement. « Je ne vais pas lâcher l’affaire », assure Mme Branco à ce sujet.

À ses yeux, « c’est surtout le fait d’avoir été mise au pied du mur » qui a réellement posé problème dans toute cette histoire. « C’est cette position d’être éjectables qui nous a fait mal. Nous, on est venus ici, on s’est investis, et puis du jour au lendemain, on nous a dit : c’est fini, vous êtes des pions, vous devez partir. Ce n’est pas facile à vivre », regrette-t-elle.

Les deux médecins disent aujourd’hui avoir « une pensée pour les patients qui ont dû être stressés et angoissés dans tout ça ». « On sait que pour certains d’entre eux, ça revenait à se dire qu’il fallait se remettre sur une liste d’attente pendant plusieurs années pour espérer trouver une personne de confiance. On espère qu’ils sont soulagés et on pense à eux », conclut Isabelle Branco.

Avec Mylène Crête, La Presse