Les recherches se sont poursuivies lundi dans la communauté d’Akwesasne, où un homme de 30 ans, Casey Oakes, manque toujours à l’appel depuis mercredi soir. Aucun nouvel élément n’a été rendu public par les enquêteurs. La police de l’Inde a toutefois révélé que les quatre ressortissants indiens dont les corps ont été retrouvés dans le fleuve voyageaient au Canada avec un visa de tourisme.

« Pour le moment, [nous n’avons] aucune nouvelle information à partager », a indiqué lundi le Service de police mohawk d’Akwesasne dans un communiqué de presse.

Le corps policier a néanmoins assuré que les recherches se poursuivront mardi à l’aide de plusieurs effectifs, dont des plongeurs de la Sûreté du Québec (SQ) qui « retourneront à la recherche » et le soutien aérien du corps policier québécois. « Veuillez éviter les zones de recherche et le poste de commandement pour le moment », ont aussi demandé les autorités. « Les cours d’eau locaux continuent d’être fouillés. La police estime qu’il y a huit kilomètres de cours d’eau à fouiller », a également fait savoir la police locale.

Casey Oakes avait été vu pour la dernière fois à 21 h 30, mercredi dernier. Il était alors en train de mettre à l’eau une embarcation bleu pâle, à la pointe est de l’île de Cornwall. Il portait un pantalon de neige noir, un chandail noir, une tuque noire et un couvre-visage noir. La police ne confirme pas encore de lien potentiel entre la découverte de huit migrants morts ces derniers jours et la disparition de M. Oakes.

C’est toutefois son embarcation qui a été trouvée renversée près des corps des huit migrants, dont deux jeunes enfants. Des vêtements identifiés comme appartenant à M. Oakes ont aussi été retrouvés, avait indiqué dimanche la police.

Venus avec un visa de tourisme

Le surintendant de la police de la ville de Mehsana, dans l’ouest de l’Inde, Achal Tyagi, a par ailleurs confirmé à La Presse Canadienne lundi que les quatre Indiens morts la semaine dernière étaient des membres de la famille Chaudhari : le père, Praveenbhai Chaudhari, 50 ans, la mère, Dakshaben, 45 ans, leur fils, Meet, 20 ans, et leur fille, Vidhi, 23 ans.

M. Praveenbhai était agriculteur, a précisé le surintendant Tyagi, ajoutant que la famille était originaire du district de Mehsana, qui compte environ 1,8 million d’habitants. La police indienne a ouvert une enquête et elle a rencontré lundi des membres de la famille Chaudhari, a-t-il précisé.

La police est en contact avec l’ambassade du Canada en Inde et avec la Gendarmerie royale du Canada, a aussi déclaré M. Tyagi. L’enquête en est à ses débuts et peu de nouveaux détails étaient connus lundi, a-t-il dit.

Samedi, l’identité de l’autre famille, d’origine roumaine, avait été rendue publique par les autorités. Il s’agit de Florin Iordache et de Cristina Zenaida Iordache, tous deux âgés de 28 ans et originaires de Roumanie, et de leurs deux enfants de 2 ans et 1 an, en possession de passeports canadiens.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Les recherches se poursuivent le long des berges du Saint-Laurent. La SQ, la GRC et la police d’Akwesasne collaborent dans ce dossier.

D’après des informations d’abord diffusées par Radio-Canada, Florin Iordache avait vu sa demande d’asile être refusée peu avant le drame. Au moment des faits, il était donc sur le point d’être expulsé du pays. Des proches de la famille ont aussi confié que M. Iordache et sa femme résidaient dans la région de Toronto depuis plus d’un an. Il était aussi prévu qu’on vienne le chercher, avec sa famille, dans l’État de New York.

Une enquête du coroner

Par écrit, le porte-parole du Bureau du coroner du Québec, Jake Lamotta-Granato, a de son côté assuré lundi que les décès survenus à Akwesasne font présentement « l’objet d’investigations par un coroner, afin de faire la lumière sur les causes et circonstances » entourant la découverte des corps.

« Au terme de ses investigations, le coroner peut également formuler des recommandations qui visent à protéger la vie humaine et éviter des décès dans des circonstances semblables », a du même coup précisé M. Lamotta-Granato.

Bon nombre de questions restent en suspens dans cette affaire. Le week-end dernier, par exemple, La Presse rapportait que la résidante d’Akwesasne Danielle Oakes a entendu des cris de détresse au milieu de la nuit de mercredi à jeudi sur le fleuve face à sa demeure. Au surlendemain du drame, elle se demande notamment pourquoi son appel aux autorités n’a pas été pris plus au sérieux.

Ces derniers jours, des experts et des organisateurs communautaires ont aussi dit craindre que l’augmentation des mesures de contrôle aux frontières crée « encore plus de décès » parmi les migrants et les populations vulnérables qui traversent la frontière.

Avec La Presse Canadienne