La police mohawk d’Akwesasne a confirmé mardi que Casey Oakes, cet homme de 30 ans qui manque toujours à l’appel, est lié à la découverte des corps de huit migrants dans le fleuve Saint-Laurent, jeudi et vendredi dernier.

« Oui, les enquêteurs croient maintenant que Casey Oakes était lié aux huit victimes retrouvées la semaine dernière lors d’une fouille du fleuve Saint-Laurent », détaille la cheffe adjointe de la police locale, Lee-Ann O’Brien, dans un courriel envoyé à La Presse.

Elle précise toutefois que « l’enquête continue d’évoluer », et que le corps policier ne fournira « aucune autre information pour le moment ». « L’enquête en est encore à ses débuts et nous essayons toujours de reconstituer les choses pour déterminer ce qui s’est passé », a poursuivi Mme O’Brien, en invitant toute personne « ayant des informations » à contacter le 613-575-2340, ou à écrire au tips@akwesasne.ca.

Au cours des derniers jours, le bateau de M. Oakes avait déjà été retrouvé renversé près des corps des huit migrants, dont deux étaient de jeunes enfants, mais les autorités refusaient jusqu’ici d’établir un lien clair entre sa disparition et la tragédie qui est survenue.

M. Oakes avait été vu pour la dernière fois à 21 h 30, mercredi dernier. Il était alors en train de mettre à l’eau une embarcation bleu pâle, à la pointe est de l’île de Cornwall. Il portait un pantalon de neige noir, un chandail noir, une tuque noire et un couvre-visage noir. Des vêtements identifiés comme appartenant à M. Oakes ont aussi été retrouvés sur les lieux de l’évènement, avait indiqué dimanche la police.

Les fouilles se poursuivent

Aucun autre détail n’a été donné sur la progression de l’enquête, mardi, au moment où les recherches se poursuivaient afin de localiser l’homme de 30 ans. Plusieurs effectifs sont mobilisés en ce sens depuis quelques jours, dont des plongeurs de la Sûreté du Québec (SQ) qui « retourneront à la recherche » et le soutien aérien du corps policier québécois.

« Veuillez éviter les zones de recherche et le poste de commandement pour le moment », ont d’ailleurs demandé lundi les autorités. « Les cours d’eau locaux continuent d’être fouillés. Il y a huit kilomètres de cours d’eau à fouiller », avait également fait savoir la police locale.

La directrice d’Amnistie internationale Canada, France-Isabelle Langlois, a déploré mardi que le drame d’Awkesasne est « un aperçu effrayant de ce qu’il risque de se passer dans les prochains jours et les prochaines semaines ».

« L’élargissement honteux de l’Entente sur les tiers pays sûrs (ETPS) à l’ensemble de la frontière va inévitablement engendrer d’autres drames humains. Les personnes qui fuient leur pays pour chercher la protection du Canada n’ont plus d’autres choix que d’entreprendre des voyages toujours plus dangereux », a dénoncé la gestionnaire, dont le groupe a manifesté devant les bureaux montréalais de Justin Trudeau pour réclamer l’annulation de l’ETPS.

Rappelons que deux familles ont été décimées dans ce drame, l’une d’origine indienne et l’autre d’origine roumaine. Les quatre victimes indiennes sont issues de la famille Chaudhari, avait confirmé lundi la police de la ville de Mehsana : le père, Praveenbhai Chaudhari, 50 ans, la mère, Dakshaben, 45 ans, leur fils, Meet, 20 ans, et leur fille, Vidhi, 23 ans.

L’identité de l’autre famille, d’origine roumaine, avait été rendue publique par les autorités. Il s’agit de Florin Iordache et de Cristina Zenaida Iordache, tous deux âgés de 28 ans et originaires de Roumanie, et de leurs deux enfants de 2 ans et 1 an, en possession de passeports canadiens.