(Ottawa) Des responsables de Google n’ont pas témoigné en comité parlementaire lundi comme prévu. Ils devaient s’expliquer sur le retrait du contenu de nouvelles pour environ un million d’utilisateurs pour protester contre le projet de loi C-18. La réunion a été annulée après avoir été retardée pendant plus d’une heure en raison de problèmes techniques.

La vice-présidente et directrice nationale de Google Canada, Sabrina Geremia, et le directeur des politiques publiques et des relations avec le gouvernement de ce géant du web, Jason J. Kee devaient répondre aux questions des élus par vidéoconférence lundi.

Ils étaient bien branchés. C’est plutôt le comité permanent du patrimoine canadien de la Chambre des communes qui a rencontré des problèmes techniques.

« Il faut que ça soit partie remise parce que Google, ce qu’ils ont fait, c’est absolument inacceptable, s’est indigné le ministre du Patrimoine canadien, Pablo Rodriguez. Ça démontre le pouvoir qu’ils ont au sein de la société. Ça démontre également beaucoup d’arrogance de leur part. »

Google a décidé de couper l’accès aux nouvelles à environ un million d’usagers au Canada en réaction du projet de loi C-18 pour forcer les géants du web à conclure des ententes pour le partage de leurs revenus avec les médias dont le contenu est partagé sur ces plateformes.

La réunion d’urgence du comité avait été convoquée à la demande des libéraux, néo-démocrates et bloquistes qui ont dénoncé cette tactique d’intimidation. Une nouvelle date n’avait pas été fixée au moment de publier.

Google a déjà envoyé des centaines de pages de documents aux parlementaires qui voulaient obtenir la liste de tous les médias qu’il a bloqués au pays et de tous ses échanges internes et externes sur les mesures pour lutter contre C-18.

M. Rodriguez s’est dit « 100 % » déterminé à faire adopter son projet de loi. « D’une part Google doit venir témoigner, d’autre part C-18 va de l’avant, a-t-il affirmé. Pourquoi ? Parce qu’il est nécessaire, parce que les salles de nouvelles ferment et notre société n’est pas en train de se renforcir. On s’affaiblit comme démocratie, alors C-18 est essentiel et il doit être adopté. »

Le texte législatif est présentement à l’étude en comité au Sénat. Il est critiqué par les conservateurs qui s’opposent à la réglementation des géants du web et proposent plutôt que ces multinationales constituent un fonds pour aider à financer les petits médias.

La fronde de Google survient alors que Québecor, Global News et Postmedia, qui détient le Montreal Gazette, coupent dans leurs effectifs. Les géants du web comme Google et Meta (propriétaire de Facebook et Instagram) accaparent la grande majorité des revenus en ligne. Cette perte de revenus publicitaires fait mal aux salles de nouvelles.

Meta avait utilisé la même tactique en Australie pour s’opposer à un projet de loi similaire en 2021. Elle avait fait marche arrière par la suite et la législation avait été adoptée une semaine plus tard.

En vertu du projet de loi C-18, Google, Facebook et les autres plateformes qui génèrent des revenus en utilisant gratuitement le contenu des médias d’information auraient six mois après son adoption pour conclure des ententes avec eux. Si elles ne le font pas, elles seraient forcées d’obtempérer par un arbitre indépendant sous la supervision du CRTC.

Au Québec, certains médias ont déjà conclu des ententes avec Facebook. C’est le cas du quotidien Le Devoir, des six journaux des Coops de l’information au Québec et de La Presse Canadienne.