Attouchements sexuels, viols, exploitation sexuelle. Le collectif La voix des jeunes compte dénonce les scandales qui surviennent en milieu scolaire et demande aux partis politiques de mieux protéger les jeunes.

« L’école, c’est comme notre deuxième maison, on y passe tout notre temps. On se demande si la voix des jeunes compte réellement pour le gouvernement », a déclaré en conférence de presse Theryanne, 17 ans, membre du collectif.

Le groupe, qui est né il y a près de cinq ans dans la foulée du mouvement de dénonciation #moiaussi, demande la création d’une loi visant à prévenir et à combattre les violences à caractère sexuel dans les écoles primaires et secondaires du Québec.

« On demande plus qu’une affiche de prévention dans une toilette. On demande une loi qui encadre des protocoles adaptés à la réalité de tous afin que notre droit à la dignité et à la sécurité soit respecté », a déclaré Erika, membre du collectif.

« Sous le choc »

Dimanche matin, une dizaine de jeunes femmes, âgées de 11 à 21 ans, ont témoigné et se sont adressées directement aux chefs des partis. « Je crois que tous les jeunes devraient étudier dans un environnement sain et sécuritaire », a dit Samuela, qui a elle-même vécu des violences sexuelles.

Lors d’un cours d’éducation physique, son enseignant est entré dans le vestiaire pendant qu’elle et ses collègues se changeaient. « Il est resté là, à nous regarder et en nous disant de nous dépêcher. J’étais sous le choc et j’étais mal à l’aise », s’est-elle remémorée.

Elle est allée informer la directrice de la situation. « Elle m’a dit que ce n’était pas grave, qu’il allait prendre sa retraite bientôt. Ses mots sont encore gravés dans mon crâne », laisse-t-elle tomber. « À qui on va pouvoir faire confiance si même la direction ne nous soutient pas et n’agit pas en faveur des élèves ? Ils préfèrent protéger la réputation de l’école », dit-elle.

Une mesure qui n’est pas adaptée

En mai dernier, le gouvernement sortant a mis en place le Protecteur de l’élève. Le ministre sortant de l’Éducation, Jean-François Roberge, avait affirmé qu’avec cette nouvelle mesure, le traitement des plaintes allait être « plus rapide, plus efficace et plus indépendant ».

Cette solution n’est pas adaptée à la réalité des jeunes victimes, puisqu’elle n’offre pas de ressources permettant guérison et réparation auprès des victimes, n’agit pas en sensibilisation ni en prévention, n’offre pas les outils d’accompagnement afin que les agresseurs cessent leurs comportements violents et ne fournit pas d’accompagnement aux familles, déplore Megane, également membre du collectif.

De nombreuses agressions

Chaque année dans la province, une dizaine de brevets d’enseignement sont révoqués pour des enjeux de santé et de sécurité des élèves.

En février, trois entraîneurs de basketball de l’école secondaire Saint-Laurent ont été accusés de crimes sexuels. La Presse avait d’ailleurs rapporté qu’un climat « hyper nocif », marqué par les agressions verbales et l’intimidation, régnait au sein du programme de basketball féminin.

En mai, Dominic Blanchette, enseignant de l’école primaire Adélard-Desrosiers, dans l’arrondissement de Montréal-Nord, a été accusé d’agression sexuelle sur plusieurs mineurs.

Fin août, le centre-arrière des Alouettes de Montréal Christophe Normand, impliqué dans le milieu de l’enseignement depuis 2015, a été accusé au palais de justice de Granby de leurre d’une enfant âgée de moins de 16 ans dans un but sexuel.

Avec Henri Ouellette-Vézina, La Presse