La contestation de la Société Radio-Canada (SRC) de la décision rendue cet été par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) quant à l’utilisation du « mot commençant par un N » sur ses ondes sera entendue par la Cour d’appel fédérale.

« Conformément à la pratique usuelle, la Cour n’a pas émis de motifs » pour justifier sa décision d’entendre la requête de la SRC, peut-on lire dans le bref avis publié sur le site internet du tribunal fédéral, lundi. La date d’audience n’est pas précisée pour le moment.

Rappelons que la SRC a dû présenter des excuses le 13 juillet dernier après avoir été blâmée par le CRTC pour l’utilisation du « mot commençant par un N » lors d’une émission de radio à l’été 2020.

Celui-ci avait alors été utilisé quatre fois lors du segment « Actualité avec Simon Jodoin : Certaines idées deviennent-elles taboues ? », présenté le 17 août 2020 pendant l’émission Le 15-18 sur ICI Radio-Canada Première.

Le chroniqueur Simon Jodoin et l’animatrice Annie Desrochers y discutaient d’une controverse autour du livre de Pierre Vallières Nègres blancs d’Amérique.

« Une insulte raciste et blessante »

Tout en reconnaissant que le « mot [commençant par un] N » est une « insulte raciste et blessante, en français et en anglais », et qu’« il doit être mis en contexte afin d’essayer de minimiser le mal que son utilisation pourrait causer », la SRC avait indiqué qu’elle entendait porter la décision du CRTC en appel.

« Celui-ci n’avait ni l’autorité ni la juridiction pour rendre cette décision et a, en exerçant son pouvoir discrétionnaire, ignoré la liberté de la presse que garantissent la Charte canadienne des droits et libertés et la Loi sur la radiodiffusion », a-t-on plaidé en juillet dernier.

Dans une rare entrevue accordée à un média francophone, l’artiste à l’origine de la plainte qui avait mené à la décision du CRTC, Ricardo Lamour, avait alors appelé le diffuseur public à plus de prudence quant à l’utilisation de ce terme.

« Ce n’est pas une atteinte à la liberté d’expression, cette décision [du CRTC] ou cette action que j’ai faite, c’est un appel à la responsabilité d’expression, un appel à la profondeur des sujets qui sont entretenus par les personnes caucasiennes avec des mots qui ont été utilisés comme arme pendant des siècles et pour lesquels il y a un déficit pédagogique pour informer la société dominante », a-t-il plaidé au micro du journaliste Jean Numa Goudou, du mensuel In Texto.