Le Québec a connu une hausse marquée du nombre de cyclistes hospitalisés durant la pandémie, un phénomène complètement opposé à la tendance dans le reste de la population.

Selon des données publiées mardi par l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS), le nombre d’hospitalisations dues à une blessure à vélo a augmenté de 20 % pour la période du 1er avril 2020 au 31 mars 2021. Quelque 1199 cyclistes se sont ainsi retrouvés aux urgences durant cette période contre 1001 pour la même période l’année précédente.

Pendant ce temps, alors lorsque les Québécois étaient invités à rester chez eux, le nombre d’hospitalisations a connu une chute marquée, passant de 67 374 à 60 792 par rapport à l’année précédente, soit une diminution d’environ 10 %.

L’hypothèse de l’ICIS pour expliquer ces statiques est toute simple : le nombre de cyclistes a été décuplé durant la pandémie, faute d’autres options sportives disponibles.

Plus d’adeptes, plus de blessures

« Il est possible que certaines mesures de santé publique aient eu un impact là-dessus. Lorsque les sports en équipes n’étaient pas disponibles, les gens ont passé beaucoup de temps à l’extérieur et se sont tournés vers le vélo », souligne à juste titre la gestionnaire des données cliniques et administratives à l’ICIS, Tanya Khang.

Même son de cloche chez l’organisme Vélo Québec dont le président, Jean-François Rheault, ne s’inquiète pas outre mesure de ces chiffres.

Citant des données de la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ) exposées dans le rapport L’état du vélo au Québec publié par son organisme en 2020, ce dernier souligne que le nombre de collisions entre cyclistes et automobilistes tend à diminuer avec les années.

À partir du moment où les interactions avec les véhicules sont en baisse, on peut dire comme hypothèse que [la hausse des hospitalisations de cyclistes] ne vient pas nécessairement d’interactions avec des véhicules. Par déduction ça peut être des collisions entre cyclistes, entre des cyclistes et des piétons ou de cyclistes seuls.

Jean-François Rheault, président-directeur général de l’organisme Vélo Québec

Il associe donc lui aussi ce phénomène à une augmentation du nombre de cyclistes au Québec, une donnée difficile à mesurer, mais qu’il est possible de déduire de l’augmentation significative des ventes de bicyclette durant la pandémie, de l’ordre de 20 à 30 %.

De son côté, le président de l’Association québécoise des médecins du sport et de l’exercice, le DLuc De Garie, soupçonne la présence de nombreux cyclistes débutants, plus enclins aux blessures, pour expliquer ces statistiques.

Pas plus dangereux

Qui plus est, comparé à d’autres sports, le vélo n’apparaît pas comme particulièrement dangereux, souligne Jean-François Rheault.

En effet, le taux annuel de blessures assez sérieuses pour nécessiter une consultation médicale est de 23 par 1000 cyclistes tandis qu’il est de 20 par 1000 golfeurs, selon des chiffres publiés par l’Institut national de santé publique du Québec en 2019.

« De façon générale, dans les dernières décennies, le vélo est de plus en plus sécuritaire et ça va aller en s’améliorant », affirme Jean-François Rheault. Deux approches sont suspectibles d’améliorer la sécurité de la pratique du vélo, estime-t-il, soit « la construction d’infrastructure séparée de la circulation […], puis la réduction de la vitesse des voitures ».

Un phénomène canadien

Loin d’être limitée au Québec, l’augmentation des hospitalisations de cycliste se mesure à l’échelle du pays, même qu’il y est encore plus marqué comme le montre les chiffres publiés par l’ICIS mardi.

Dans tout le pays, le nombre d’hospitalisations dues à une blessure à vélo a ainsi augmenté de 25 % pendant la première année de la pandémie, passant de 4190 à 5255. Pendant ce temps, le nombre total d’hospitalisations à la suite d’une blessure (toutes causes confondues) a quant à lui diminué de 5,5 %, de 271 000 à 256 000, par rapport à l’année précédente.