Le souvenir du « derecho » de mai encore frais dans leurs têtes, des centaines de résidants de Saint-Adolphe-d’Howard, dans les Laurentides, ont eu la frousse de leur vie samedi soir lorsqu’une brève, mais puissante tornade a arraché la forêt tout autour de leurs résidences.

« C’était noir, il s’est mis à mouiller vraiment fort. Le vent s’est levé, puis tout a commencé à revoler. On avait peur que ça frappe la maison, puis on s’est rendu compte que des arbres étaient tombés dessus. On a eu la frousse de notre vie », raconte Amélie Blouin.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

Des arbres déracinés sont tombés sur la maison d’Amélie Blouin.

Tout comme plusieurs de ses voisins du chemin du Village et de résidants du chemin du Tour-du-Lac, à Saint-Adolphe-d’Howard, la mère de deux adolescents cherchait activement dimanche un émondeur pour se débarrasser des gros arbres tombés sur le toit de l’auberge qu’elle exploite à côté de sa demeure.

Outre la violence de l’évènement météorologique de samedi, c’est sa durée, très courte, qui a surpris les résidants de Saint-Adolphe-d’Howard.

Une fois que c’était terminé, les gens sont ressortis faire du bateau.

Amélie Blouin

Plus au nord, chemin Beausoleil, les dégâts sont encore plus importants. C’est à cet endroit même qu’aurait passé la tornade samedi. Des maisons aux toits arrachés, des arbres par centaines couchés au sol : l’endroit a des airs d’apocalypse.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

Marie-Hélène Dubé

« J’étais vraiment terrorisée. Les arbres tombaient comme des dominos », se rappelle Marie-Hélène Dubé.

Assises dans l’escalier devant leur maison, deux de ses voisines, Heather Bradley et Hillary Rose, contemplaient les dégâts sur leur terrain.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

La maison d’Hillary Rose et Heather Bradley a été endommagée par le passage de la tornade.

Plusieurs dizaines de gros arbres y étaient couchés. La tornade a tiré un mur de la demeure, créant une fente d’où ont été aspirés chaises, livres, bibelots et autres effets personnels, maintenant dispersés un peu partout.

Des vents à 200 km/h

Environnement et Changement climatique Canada a confirmé en fin d’après-midi dimanche que la tornade qui a frappé Saint-Adophle-d’Howard était de catégorie EF2, c’est-à-dire un évènement modéré selon l’Échelle de Fujita améliorée.

Consultez l’Échelle de Fujita améliorée

« Les vents destructeurs ont fortement endommagé des habitations et brisé/déraciné de nombreux arbres sur une distance de 3 à 4 kilomètres et une largeur d’environ 300 mètres. La vitesse maximale des vents estimée est de 200 kilomètres à l’heure », a indiqué l’agence fédérale sur son site internet.

Rappelons que, selon les procédures, Environnement Canada se doit d’envoyer des ressources sur le terrain afin de confirmer le passage d’une tornade, un phénomène rare, mais pas inhabituel en été au Québec.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

Peter Kimbell, météorologue à Environnement Canada

Parmi les indices répertoriés sur les nombreuses images d’internautes publiées samedi, il y a la présence d’arbres dont les troncs ont carrément été sciés par la force du vent, avait indiqué le météorologue à Environnement Canada Peter Kimbell.

Par chance, l’évènement n’a fait ni blessé ni mort, selon les autorités.

  • Une tornade a frappé la municipalité de Saint-Adolphe-d’Howard, dans les Laurentides, samedi en fin d’après-midi.

    PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

    Une tornade a frappé la municipalité de Saint-Adolphe-d’Howard, dans les Laurentides, samedi en fin d’après-midi.

  • PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

  • PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

  • Une tornade a frappé la municipalité de Saint-Adolphe-d’Howard, dans les Laurentides, le samedi 23 juillet en fin d’après-midi.

    PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK QUÉBEC VORTEX

    Une tornade a frappé la municipalité de Saint-Adolphe-d’Howard, dans les Laurentides, le samedi 23 juillet en fin d’après-midi.

  • PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK QUÉBEC VORTEX

  • PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK QUÉBEC VORTEX

  • PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK QUÉBEC VORTEX

  • PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK QUÉBEC VORTEX

  • PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK QUÉBEC VORTEX

1/9
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Toujours dans le noir

Dimanche matin, 583 résidences étaient toujours privées de courant à Saint-Adolphe-d’Howard, dont presque tous les riverains du lac Saint-Joseph, selon le site Info-pannes d’Hydro-Québec.

Or, un porte-parole de la société d’État, Alain Paquette, a précisé en entrevue que ce nombre était en fait beaucoup plus élevé.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

Des pompiers dégagent une route bloquée par des arbres déracinés.

Plus de 2000 clients ont été privés d’électricité au plus fort de la tempête dans la région des Laurentides, principalement dans les municipalités de Saint-Adolphe-d’Howard et de Sainte-Agathe-des-Monts.

On constate des dommages majeurs, importants. Le premier défi, c’est de pouvoir accéder au réseau d’Hydro-Québec. Plusieurs chemins sont encombrés, donc on doit les désencombrer, puis faire les travaux nécessaires.

Alain Paquette, porte-parole d’Hydro-Québec

En fin de journée, environ 1000 clients étaient toujours sans électricité, une situation qui pourrait se prolonger plusieurs jours pour certains, selon Alain Paquette.

Encore marqués

La tornade de samedi a rappelé de mauvais souvenirs à plusieurs résidants de Saint-Adolphe-d’Howard encore marqués par le « derecho », un autre phénomène de vents violents survenu dans le secteur à la fin de mai, soit il y a deux mois à peine.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

Quelque 1000 clients d’Hydro-Québec étaient toujours sans électricité en fin de journée dimanche à Saint-Adolphe-d’Howard.

Même si leur municipalité avait été relativement épargnée comparativement à d’autres secteurs des Laurentides, plusieurs s’étaient retrouvés parmi les quelque 550 000 clients d’Hydro-Québec privés d’électricité à l’échelle de la province, au plus fort de la tempête.

« C’est la première fois que je vois ça, deux fois en même pas deux mois. Ça fait réfléchir », s’inquiète Heather Bradley, persuadée qu’il s’agit là d’une conséquence des changements climatiques. « Je pense qu’on ne peut pas l’ignorer. »

Dans son plus récent rapport sur les conséquences des changements climatiques, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) note que « les aléas climatiques affectés par les changements hydrologiques, y compris […] les précipitations extrêmes et les tempêtes plus intenses, devraient s’intensifier » en Amérique du Nord.