(Repentigny) Face à une multiplication des appels au 9-1-1 liés à des enjeux de santé mentale, le Service de police de Repentigny met en place un projet pilote pour offrir un soutien mieux adapté à sa population. Une équipe de six intervenants sociaux sera amenée à prêter main-forte aux policiers lors des interventions.

« C’était un pan sur lequel on devait innover pour trouver une approche qui aura un réel impact sur le terrain et auprès de nos citoyens », soulève Helen Dion, directeur du Service de police de la Ville de Repentigny (SPVR). Estimant que 40 % des appels reçus par les services d’urgence de la Ville et de la province concernent des personnes dont l’état de la santé mentale est perturbé, Mme Dion se réjouit de l’avancement du projet CIDD (Concertation, Intervention, Désescalade et Déjudiciarisation).

Par la mise en place de ce projet, qui doit être pleinement opérationnel en octobre prochain à Repentigny et à Charlemagne, le SPVR souhaite corriger une lacune qui se fait ressentir chez les agents.

Lorsqu’un appel lié à l’état de santé mentale d’une personne sera reçu au centre de tri, une équipe d’intervenants sera envoyée sur les lieux si la scène ne présente pas de risques, indique Helen Dion. En fonction des cas qu’ils rencontrent, les intervenants pourront développer leurs méthodes selon leur expertise et leurs expériences. Ils se présenteront en civil et seront en communication avec les équipes de patrouille. Ils pourront ainsi demander un soutien si une situation dégénère.

En retirant l’image du policier lors des interventions de cette nature, le SPVR cherche à rassurer la personne qui a besoin d’aide tout en « déstigmatisant » les problèmes de santé mentale. « Les études ont démontré que, souvent, juste l’uniforme peut désorganiser une personne », précise Helen Dion, qui souligne aussi l’impact que la présence policière peut engendrer chez le voisinage.

« Les policiers sont d’excellents généralistes, estime-t-elle. Mais je pense que lorsqu’on parle de santé mentale, on doit offrir un service plus spécialisé et adapté en fonction de la problématique qui est décelée par les experts en intervention. »

Une aide particulière 

Mme Dion remarque d’ailleurs que d’autres villes ont également mis en place des initiatives qui vont dans le même sens. « Ça fait plusieurs années que les interventions concernant des personnes à l’état mental perturbé augmentent. Il faut adapter notre réponse », dit-elle.

Elle croit que le projet CIDD permettra aussi un meilleur partage des expériences. « Les policiers et les intervenants pourront développer conjointement de meilleures interventions en mettant à profit toutes leurs expertises dans le but que le citoyen soit mieux accompagné », explique-t-elle. Pour Mme Dion, c’est en faisant appel aux différentes ressources et expertises disponibles qu’il est possible de « voir les problématiques sous un angle 360 et mieux intervenir ».

En collaboration avec le Centre intégré de santé et de services sociaux de Lanaudière et le ministère de la Sécurité publique, ce projet permettra également un meilleur suivi auprès des personnes ayant vécu un épisode où leur santé mentale a été ébranlée, conclut Helen Dion.

En savoir plus
  • 80 000
    Interventions effectuées par les services de police québécois auprès de personnes ayant des problèmes de santé mentale en 2019
    Rapport Final du Comité consultatif sur la réalité policière réalisé en 2021