L’annulation de centaines de vols dans les aéroports les plus importants du Canada met à rude épreuve la patience des vacanciers qui doivent revoir leurs plans de voyages.

Stéphane Prud’homme s’apprêtait à revenir d’une conférence à New York lorsque son vol d’Air Canada à destination de Montréal, prévu trois heures plus tard, a été annulé. « J’ai reçu un texto me disant que le vol était annulé. Rien d’autre, pas d’information ! », s’exclame-t-il.

Le voyageur a tenté d’obtenir plus de détails, sans succès. « J’ai appelé au numéro de téléphone d’Air Canada. Ça a duré trois heures, pas de réponse. Ma collègue a attendu deux heures et ça a raccroché tout seul. On est laissés dans le néant. Je suis un fan d’Air Canada, mais là, je suis vraiment déçu. »

Le plus grand transporteur du pays a annoncé mercredi soir qu’il supprimerait plus de 15 % de ses vols en juillet et en août, dans un contexte où le réseau aérien du pays croule sous une recrudescence écrasante des voyages. Plus de 9500 vols, principalement intérieurs ou entre le Canada et les États-Unis, seront annulés.

S’ils annulent à l’avance et que je suis chez moi, je comprends qu’ils ont des problèmes. Mais de me canceller quand je suis dans un autre pays, deux heures à l’avance, ça, c’est un problème.

Stéphane Prud’homme

N’ayant pas de réponse, l’homme d’affaires devait trouver une solution rapidement pour revenir à Montréal. « J’ai essayé de trouver un train, un autobus et une auto à louer pour rentrer à Montréal – tout est complet. Et tous les hôtels à New York sont complets, donc j’ai dormi à l’aéroport », raconte-t-il.

Il a finalement réservé un vol à destination de Montréal avec escale à Detroit auprès de la compagnie Delta. « J’ai eu la chance d’avoir un vol jeudi. Ma collègue, elle, n’a un vol que dans deux jours », dit-il.

M. Prud’homme est finalement arrivé à Montréal jeudi soir. « C’est sûr que je vais porter plainte pour la façon dont ils nous ont traités. Je veux me faire rembourser », dit-il. Il n’est pas le seul. Les défenseurs des droits des consommateurs ont exigé jeudi une indemnisation d’Air Canada pour les centaines de milliers de passagers dont les vols d’été sont annulés.

Inquiétude chez les voyageurs

Hélène Plumard et sa famille, qui ont un vol prévu avec Air Canada à destination de Paris dans moins de deux semaines, suivent la situation de près. « Bien sûr, ils disent que les voyages internationaux ne sont pas touchés pour l’instant, mais j’entends des histoires d’attente interminable et de délais avant le vol », s’inquiète-t-elle.

Plusieurs de ses collègues ont attendu jusqu’à quatre heures pour passer la sécurité et ont vu leur vol retardé. « Avec deux jeunes enfants, passer sept heures à l’aéroport, c’est inimaginable », dit la femme qui n’a pas vu ses proches en France depuis mars 2018.

L’heure de départ de son vol a déjà été modifiée à deux reprises par la compagnie aérienne. « Pourquoi avoir proposé autant de vols ? Pourquoi ne pas avoir mieux planifié ? », se demande Mme Plumard.

Gestion des bagages déficiente

À l’aéroport Montréal-Trudeau, l’annulation des vols s’ajoute au chaos dans la gestion des bagages. Jeudi soir, une pile de valises et de sacs jonchaient toujours le sol de l’aéroport. « On savait qu’il y avait des soucis avec les bagages, alors on a décidé d’apporter des bagages à main seulement. Il y a des bagages partout, partout, partout », dit Evelyne Nagot, rencontrée à la sortie.

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Evelyne et Bruno Nagot

Chantale Marcoux et Claude Craighero ont opté pour la même stratégie. « On a des bagages à main, on ne prend pas de chance. On roule nos vêtements et on fait du lavage », lance Mme Marcoux.

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Bernadette Montpoint

Bernadette Montpoint, qui arrivait de Genève, en Suisse, s’est réjouie de ne pas avoir eu de problèmes. « Ça s’est bien passé, j’ai récupéré mes bagages assez rapidement, mais il y a un tas de bagages par terre. C’est éparpillé par-ci, par-là. J’ai vraiment été chanceuse. »