Le nombre de naissances enregistré au Québec est remonté au niveau de 2019, après avoir connu une baisse pendant la pandémie, selon un nouveau rapport de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). Montréal fait toutefois exception.

84 900

Nombre de naissances au Québec en 2021. Ce nombre a augmenté de près de 4 % par rapport à 2020 (81 850) pour revenir au niveau observé en 2019 (84 309).

L’effet pandémique

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Arc-en-ciel accompagné du message « Ça va bien aller » affiché dans une fenêtre d’une maison de Montréal, à la fin du mois de mars 2020

Le début de la pandémie de COVID-19 aurait entraîné une diminution des conceptions, comme l’indique un creux de naissances neuf mois plus tard. « On constate qu’à la fin de 2020 et au début de 2021, il y avait vraiment moins de naissances que la moyenne des années précédentes », dit Anne Binette-Charbonneau, démographe à l’ISQ.

Le contexte d’insécurité économique et sanitaire, les difficultés familiales associées à la gestion de l’école à la maison et du télétravail et la fermeture des centres de procréation assistée pourraient avoir mené certaines personnes à revoir leur projet parental, explique la spécialiste.

L’effet négatif de la crise sanitaire semble avoir été de courte durée, puisqu’un rattrapage des naissances dès mars 2021 a été observé, soit neuf mois après la fin de la première vague.

Montréal à part

Montréal est la seule région où la baisse de la fécondité enregistrée en 2020 n’a pas été suivie d’une hausse en 2021. La métropole continue d’afficher la plus faible fécondité avec une moyenne de 1,3 enfant par femme, suivie par les régions de Laval et de la Capitale-Nationale. Le Nord-du-Québec maintient la plus élevée avec 2,7 enfants par femme.

« Souvent, dans les grandes villes, la fécondité est plus faible à cause du niveau de scolarité et des structures familiales différentes », explique la démographe. En effet, lorsque les femmes étudient plus longtemps, elles vont souvent avoir des enfants à un âge plus avancé. Les structures familiales sont également différentes dans les grandes villes. « II y a plus de femmes qui habitent seules », illustre Mme Binette-Charbonneau.

1,58 enfant par femme

Il s’agit de l’indice synthétique de fécondité au Québec en 2021. Après être descendu à 1,52 en 2020, il a retrouvé un niveau semblable à celui des années 2018 et 2019. L’indice affiche une tendance générale à la baisse depuis 2009. « Avec une population vieillissante, on a moins de femmes en âge d’avoir des enfants. On observe [une baisse de l’indice] dans plusieurs pays développés », dit Mme Binette-Charbonneau.

Quelques indices de fécondité en 2019

PHOTO AHN YOUNG-JOON, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Famille dans un parc de Séoul, en Corée du Sud

  • Corée du Sud : 0,92
  • Espagne : 1,24
  • Italie : 1,27
  • Japon : 1,36
  • Canada : 1,47
  • Royaume-Uni : 1,65
  • États-Unis : 1,71
  • Mexique : 2,10
  • Afghanistan : 4,32
  • Niger : 6,82

Source : Data Commons

31 ans

Âge moyen à la maternité en 2021. Le seuil des 30 ans a été franchi en 2011. Depuis le milieu des années 1990, l’âge moyen à la maternité augmente d’une année tous les 10 ans environ.

Les jeunes femmes enceintes en baisse

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« On voit qu’il y a une remontée de la fécondité chez les femmes de 25 à 44 ans en 2021, alors que chez les plus jeunes, ça continue de descendre », indique Anne Binette-Charbonneau, démographe à l’ISQ.

« On voit qu’il y a une remontée de la fécondité chez les femmes de 25 à 44 ans en 2021, alors que chez les plus jeunes, ça continue de descendre », indique Mme Binette-Charbonneau. Au cours des dernières décennies, les femmes de moins de 30 ans ont connu une diminution des taux de fécondité, ce qui témoigne de la tendance des femmes à reporter les naissances à plus tard dans la vie. Ce report peut être associé à plusieurs facteurs, dont l’allongement de la durée des études et la participation importante des femmes au marché du travail.

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, ARCHIVES LA PRESSE

Depuis le milieu des années 1990, l’âge moyen à la maternité augmente d’une année tous les 10 ans environ.

65 %

Proportion des enfants issus de parents non mariés en 2021

2,8 %

Proportion de naissances multiples — jumeaux, triplés, etc. – en 2021. Cette proportion oscille autour de 3 % depuis une quinzaine d’années.

31 %

Proportion de nouveau-nés ayant au moins un parent né à l’étranger en 2021

Avec Pierre-André Normandin, La Presse