Des dizaines de milliers de Québécois pourraient être plongés dans le noir pendant encore plusieurs jours en raison de la tempête de samedi dernier

Les centaines d’arbres tombés sur des fils électriques sur le chemin du Lac-Rossignol, dans les Laurentides, laissent peu d’illusions à ses résidants, qui s’attendent à devoir patienter encore longtemps avant d’être rebranchés.

Mardi, lors du passage de La Presse, le bruit des génératrices et des scies mécaniques y était omniprésent. Heureusement qu’un bon samaritain avait déblayé à l’aide de son tracteur un chemin au travers des arbres tombés jusqu’à la résidence de Pascal Bonneville et d’Annie Labelle, sans quoi ils étaient complètement coupés du monde.

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Annie Labelle sur son terrain du chemin du Lac-Rossignol

« Ç’a été long, il y avait tellement de fils tombés dans les arbres, je n’osais pas sortir », raconte la mère de trois enfants de 2, 5 et 7 ans qui était la seule du couple à la maison le soir de la tempête. Par chance, comme plusieurs résidants du secteur, les Bonneville-Labelle possèdent une génératrice pour alimenter leur réfrigérateur et peuvent se rendre chez leur famille pour les douches et l’eau.

Plus loin, Mario Leblanc brûle quelques branches tirées d’un immense tas de branches ramassées partout sur son terrain. « On est dans le néant, ça va vraiment être long », dit en soupirant l’homme qui réside dans le secteur depuis 18 ans.

Avec de nombreux arbres entremêlés de fils électriques qui traînaient toujours au sol devant leurs résidences, ils s’attendent à devoir passer encore plusieurs jours sans électricité, une situation semblable à celle de dizaines de milliers d’autres foyers, selon ce qu’a indiqué Hydro-Québec.

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Plusieurs arbres sont tombés sur le terrain de Mario Leblanc.

Mardi après-midi, la majorité des pannes se trouvaient dans les Laurentides, où environ 65 000 abonnés étaient toujours sans électricité, selon le plus récent bilan disponible. S’ils ont causé bien du tort au réseau électrique, les vents violents ne semblent pas avoir fait de blessés, selon un compte rendu du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) des Laurentides.

« Trois traumas ont été traités à l’urgence de l’Hôpital Laurentien entre 18 h et 23 h le soir de l’orage, soit deux traumas mineurs et un trauma avec fractures. Nous n’avons répertorié aucun décès ni usager ayant subi des blessures en lien avec les évènements météorologiques de samedi, et ce, pour l’ensemble de nos urgences », a indiqué l’agente d’information du CISSS Dominique Gauthier.

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Pascal Bonneville sur le chemin du Lac-Rossignol

Que des « pannes difficiles »

Mardi, Hydro-Québec avait pour cible de rebrancher 95 % des foyers privés d’électricité à la suite des vents violents de samedi dernier qui ont plongé dans le noir jusqu’à 554 000 foyers au plus fort de la tempête.

Mais alors que les quelque 1400 travailleurs répartis en 700 équipes cheminaient des zones les plus critiques vers celles plus reculées, leur progression ralentissait.

Les régions les plus touchées demeurent les Laurentides, Lanaudière et l’Outaouais. Des défis majeurs demeurent pour rétablir le service des clients toujours en panne. Plus du tiers des pannes restantes touchent moins de cinq clients à la fois.

Extrait d’un communiqué d’Hydro-Québec

« En ce moment, on voit que les chiffres continuent de descendre, mais peut-être un peu plus lentement. On base nos prévisions sur ce qu’on a vécu dans d’autres évènements majeurs, avec des pannes plus faciles à rétablir et d’autres qui posent plus de défis, et là, en ce moment, on fait face, très largement, presque uniquement, à des pannes difficiles », explique une porte-parole de la société d’État, Caroline Desrosiers.

« On a beaucoup de pannes qui touchent un très petit nombre de personnes, et c’est ces gens-là qui malheureusement vont être rétablis en dernier, les cas qui sont isolés et difficiles d’accès », ajoute-t-elle.

Des initiatives s’organisent

En attendant, les municipalités s’organisent pour venir en aide à leurs résidants. À Mont-Blanc, autrefois nommé Saint-Faustin-Lac-Carré, environ 1600 résidences étaient privées d’eau, faute d’électricité pour alimenter leurs puits artésiens, selon les chiffres du maire, Jean-Simon Levert.

En plus d’offrir de l’eau pour remplir des cruches, la Ville donne accès à des prises électriques dans le stationnement situé à côté de la mairie. Cet après-midi-là, elles étaient monopolisées par les cellulaires et les tablettes déchargées.

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Jean-Simon Levert, maire de Mont-Blanc, discute avec un citoyen.

L’eau, c’est essentiel, et au niveau de la nourriture, s’ils ne sont pas capables de conserver ce qu’ils ont, des marchands du coin sont très gentils et ont ouvert quand même, même s’ils sont sans électricité.

Jean-Simon Levert, maire de Mont-Blanc

« C’est sûr qu’il va falloir offrir le service pour la [prochaine] fin de semaine », ajoute-t-il, lucide devant la situation dans la région.

À Mont-Tremblant, la Ville a permis à ses citoyens l’accès aux installations du complexe aquatique municipal. Venu prendre une douche, Mathew Lincez s’attendait à devoir y retourner à plusieurs reprises cette semaine alors qu’il n’a toujours pas d’électricité.

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Mathew Lincez a pris sa douche au complexe aquatique de Mont-Tremblant.

Côté pratique, le père de famille pourra aussi y amener ses enfants cette semaine, puisque ceux-ci sont en congé forcé, leur école étant privée d’électricité en raison d’un arbre tombé sur les fils.

En savoir plus
  • 82 %
    Proportion des 554 000 clients privés d’électricité au plus fort de la tempête de samedi chez qui le courant avait été rétabli mardi soir.
    source : Hydro-Québec