Les jeunes du secondaire ont été moins nombreux à s’initier à la cigarette électronique durant la pandémie, révèle une nouvelle étude. Les utilisateurs quotidiens restent toutefois toujours aussi nombreux, et ceux-ci ont même augmenté leur consommation.

Jusqu’en 2019, le nombre de jeunes du secondaire ayant été initiés à la cigarette électronique était en hausse constante au Québec. Mais en 2021, leur nombre a diminué considérablement, révèlent des données compilées par l’étude longitudinale COMPASS Québec, qui a sondé 15 000 élèves de 31 écoles secondaires.

Proportion de jeunes du secondaire ayant été initiés à la cigarette électronique

2018 : 42 %
2019 : 48 %
2021 : 38 %

Le DRichard Bélanger, pédiatre, médecin de l’adolescence et chercheur clinicien au Centre Mère-Enfant Soleil du CHU de Québec, explique que cette baisse dans l’initiation à la cigarette électronique peut être en partie explicable par le fait que les jeunes ont eu moins accès au produit dans les premiers mois de la pandémie, les écoles ayant été fermées. « Il y a eu moins de contact avec le produit », dit-il.

Mais pour le DBélanger, ces données « exposent tout de même des éléments inquiétants sur l’usage de la cigarette électronique ». Notamment, la proportion d’élèves disant utiliser quotidiennement le produit est restée la même, à 7 %. Et 70 % de ces utilisateurs quotidiens rapportent que leur consommation a augmenté avec la pandémie. « Il faut s’attarder à ce noyau dur. Il faut en parler et agir sur plusieurs fronts », dit le DBélanger.

L’étude de COMPASS permet de voir que les jeunes qui utilisent quotidiennement la cigarette électronique l’utilisent majoritairement (69 %) pour les effets de la nicotine. « Les jeunes s’exposent pour diminuer leur stress », note le DBélanger. Seulement moins de 10 % l’utilisent pour arrêter de fumer.

Le DBélanger note que les vapoteurs qui ont utilisé la cigarette électronique dans les 30 derniers jours « tombent dans le groupe qui a eu le plus de difficulté à s’adapter à la pandémie », selon l’étude. « Comme s’ils avaient utilisé la cigarette électronique pour pallier », dit-il.

Des risques de plus en plus reconnus

Les jeunes du secondaire semblent de plus en plus reconnaître les risques pour la santé liés au vapotage. En 2018, 38 % d’entre eux estimaient que les risques liés à la cigarette électronique étaient légers ou inexistants. Ils ne sont plus que 16 % à partager cette opinion. Ce qui fait dire aux chercheurs de COMPASS qu’il est possible que « au-delà du contexte particulier lié à la pandémie, cette prise de conscience ait pu jouer un rôle dans la baisse de consommation observée ».

Les grands utilisateurs de cigarette électronique semblent toutefois moins enclins à reconnaître ses dangers.

29 %

Proportion de jeunes (tous profils d’utilisateurs confondus) qui associent le vapotage régulier à un grand risque pour la santé

14 %

Proportion d’utilisateurs quotidiens de la cigarette électronique qui associe le vapotage régulier à un grand risque pour la santé

Dans leur pratique, des médecins comme le DBélanger constatent tous les jours l’impact de la cigarette électronique sur la santé pulmonaire de certains patients. « On parle de toux chronique, de difficultés respiratoires, d’expectorations… » dit-il. Le jour de son entrevue avec La Presse, ce dernier allait justement répondre à une demande de consultation d’un jeune patient grand vapoteur qui se plaignait de cracher du sang en toussant.