Alors que la nuit est glaciale, la navette de la Mission Old Brewery sillonne les rues de Montréal afin de conduire les sans-abri au chaud.

À la halte-chaleur du refuge du même nom, un petit groupe s’apprête à partir vers un autre endroit. Ce soir, le lieu de répit déborde, explique Mila Alexova, coordonnatrice des services de l’organisme.

Rencontré sur les lieux, Vincent D’Aoust est toutefois l’un de ceux qui passeront la nuit à la Mission Old Brewery. « Ici, tu as du café et tu peux t’asseoir, tu n’auras pas d’hypothermie », lance-t-il. Dans la pièce, une vingtaine de personnes se réchauffent en mangeant un repas. Dehors, le mercure a chuté sous la barre des - 20 °C. Être à la Mission enlève « une lourdeur », affirme M. D’Aoust, qui dit se sentir bien grâce aux employés.

Avec le « froid brutal » qui sévit dehors, Ellie Parent se réjouit de passer la nuit au chaud, en compagnie des habitués de la Mission Old Brewery. « On commence à connaître le monde, raconte Ellie. Quand on ne voit pas quelqu’un, on se demande si quelque chose lui est arrivé. On se passe le mot pour savoir si tout le monde est correct. »

Vers 21 h, Mila Alexova s’affaire à rassembler une dizaine de personnes qui quitteront l’endroit. Direction le Plateau Mont-Royal, où ils passeront la nuit dans une halte-chaleur temporaire.

Puis la navette quitte les lieux. Le trajet se fait au son de la musique rap que Mila Alexova fait jouer sur son cellulaire, à la demande d’un passager. Dans le tumulte des dernières semaines, ce moment dans la navette « fait [sa] soirée », confie la coordonnatrice, en regardant un homme hocher la tête.

« Le transport est difficile »

En plus de conduire ceux qui ne peuvent pas rester à la halte-chaleur de la Mission Old Brewery, la navette sert à d’autres organismes. C’est le cas de la Maison du Père, qui manque aussi de places pour accueillir tous les sans-abri. « On rentre les gens au chaud jusqu’à ce que la navette vienne les chercher », a indiqué plus tôt jeudi François Boissy, directeur de la Maison du Père.

Depuis le 1er décembre, la navette parcourt les rues de Montréal tous les soirs, entre 14 h 30 et 3 h. Un chauffeur et un conseiller invitent les personnes sans domicile fixe à se faire transporter vers des ressources dans la ville qui assureront leur sécurité pour la nuit. L’hiver dernier, près de 6500 hommes et femmes sans-abri ont utilisé ce service.

Mais cette semaine, les conditions « ne sont pas idéales », dit Chantal Laferrière, directrice générale de la Mission St-Michael’s, une halte-chaleur où les personnes en situation d’itinérance peuvent venir manger, prendre une douche, rencontrer des intervenants et obtenir des vêtements. « C’est très rock’n’roll, fait-elle valoir. Il fait froid. Le transport est difficile. »

« Tout le monde arrive tout mouillé. Les gens ont froid et ils sont marabouts », poursuit Mme Laferrière. Ce matin, je voyais dans leur visage que la nuit avait été difficile. On a juste envie de les prendre dans nos bras. C’est triste à voir. »

Davantage de lits disponibles

Depuis les derniers jours, plus de lits sont disponibles pour les personnes en situation d’itinérance, au grand bonheur des intervenants du milieu. Au début du mois de janvier, le variant Omicron s’est propagé rapidement dans le milieu de l’itinérance à Montréal. Plus de 500 personnes sans domicile fixe ont été infectées et plusieurs ressources ont dû fermer leurs portes ou réduire leur capacité d’accueil.

Depuis une semaine, la Ville de Montréal peut accueillir jusqu’à 300 personnes en situation d’itinérance infectées par la COVID-19 dans le Stade de soccer de Montréal, dans l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension.