La construction annuelle de 500 unités de logements sociaux, annoncée lundi par Québec, est largement insuffisante, puisqu’il faudrait en construire plus du double pour vraiment répondre à la demande, dénoncent les organismes de défense des mal-logés.

« C’est de la poudre aux yeux, il faudrait que le gouvernement investisse le double de ce qui a été annoncé », déplore Chantal Desfossés, directrice générale du Réseau québécois des OSBL d’habitation (RQOH), réagissant mardi à l’annonce faite par la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest.

La ministre a fait part de ses plans pour investir 279 millions, au cours des six prochaines années, pour construire 3000 logements sociaux, soit 500 par année, et 2 milliards pour rénover des HLM en mauvais état partout au Québec.

Ces sommes proviendront de l’entente Canada-Québec sur le logement, signée en octobre 2020.

Or, il faudrait bâtir 5000 logements sociaux par année pour répondre à la demande, dans un contexte de pénurie d’appartements abordables, dénonce le RQOH, appuyé par quatre autres organismes qui militent pour le logement social (l’Association des groupes de ressources techniques du Québec (AGRTQ), la Confédération québécoise des coopératives d’habitation (CQCH), la Fédération des locataires de HLM du Québec (FLHLMQ), et le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)).

Selon les données de ces organismes, 35 000 ménages sont en attente d’un logement social dans l’ensemble de la province, et les listes d’attente grossissent à mesure que le prix des loyers augmente.

Il y a 500 000 ménages québécois qui vivent dans des logements inabordables.

Chantal Desfossés, directrice générale du Réseau québécois des OSBL d’habitation

Certains sont aussi forcés d’habiter des appartements insalubres ou trop petits pour leur famille.

Elle rappelle que le gouvernement de François Legault avait promis, en campagne électorale, il y a trois ans, l’ajout de 15 000 logements sociaux.

Autre source d’insatisfaction : l’investissement promis de 279 millions pour 3000 logements signifie qu’on prévoit 93 000 $ par logement. « Les sommes prévues sont insuffisantes quand on regarde les coûts réels », fait remarquer Mme Desfossés. À Montréal, la construction d’un logement abordable coûtait en moyenne 240 000 $, selon la Vérificatrice générale du Québec.

À ce sujet, la Société d’habitation du Québec (SHQ) précise que « la contribution financière de 93 000 $ ne correspond pas au coût de construction du logement, mais plutôt à la subvention moyenne qui serait accordée à un organisme pour développer un nouveau projet d’habitation ».

« D’autres sources de financement peuvent s’ajouter, dont une contribution de la part des municipalités. De plus, la différence entre le coût de réalisation et les subventions et contributions reçues est assumée par l’organisme via une hypothèque, » indique Sylvain Fournier, conseiller en communications à la SHQ.

« Un pas dans la bonne direction », dit Montréal

À Montréal, la mairesse Valérie Plante a promis, au cours de la campagne électorale, l’ajout de 2000 logements sociaux par année pendant son mandat de quatre ans, pour un total de 8000.

Pour remplir ces promesses, Montréal a toutefois besoin d’argent provenant de Québec.

La mairesse Plante estime-t-elle que les 3000 logements sociaux annoncés par la ministre Laforest pour l’ensemble du Québec sont insuffisants ?

« Nous saluons ces sommes supplémentaires pour le logement social, qui est un pas dans la bonne direction », a répondu son attachée de presse, Catherine Cadotte, dans une déclaration écrite. « Des investissements massifs sont nécessaires de la part de l’ensemble des paliers afin de répondre adéquatement aux besoins et de contribuer à l’abordabilité de la métropole. Nous avons fixé des objectifs de construction de logements sociaux ambitieux et nous sommes confiants de les atteindre avec la collaboration des gouvernements provincial et fédéral. »