Il y a 10 ans jour pour jour, des milliers d’étudiants sont descendus dans les rues de Montréal pour protester contre la hausse des droits de scolarité. C’était la première grande manifestation de ce qui allait devenir le « printemps érable ».

10 novembre 2011. C’était une journée froide et pluvieuse de novembre. Des étudiants des quatre coins de la province affluaient en autobus vers Montréal. Ils étaient prêts. Ils voulaient se faire entendre.

« Quand on est arrivés à Montréal, il y avait pas mal plus de monde qu’on pensait. On avait été surpris », se remémore Martine Desjardins, ex-présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) et figure bien connue du printemps érable.

Ils étaient près de 30 000 manifestants, selon les organisateurs, qui s’étaient rassemblés pour faire entendre leur voix. Leur demande ? Faire plier les libéraux pour qu’ils reviennent sur leur décision d’augmenter les droits de scolarité de 1625 $ en cinq ans.

Les régions

Dans les semaines ayant précédé le rassemblement, les organisateurs avaient traversé le Québec afin de rallier les troupes. Une première manifestation avait eu lieu le 28 septembre à Jonquière. Une manifestation à Rimouski, puis une autre à Rouyn-Noranda avaient suivi.

« Le plan qu’on avait établi, c’était de faire des manifestations régionales avant d’arriver à Montréal, afin de mobiliser les troupes en région et d’alimenter l’attrait médiatique », explique Mme Desjardins.

Le 10 novembre 2011, c’était la première manifestation contre la hausse des droits de scolarité à Montréal. Et la première d’envergure nationale.

« On avait des étudiants de Rouyn-Noranda, de Jonquière, de Chicoutimi, de Rimouski », indique-t-elle. Plus de 200 000 étudiants à travers la province avaient décrété une grève ou une levée de cours pour la journée.

La marche avait débuté en début d’après-midi, au parc Émilie-Gamelin, près de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Les étudiants s’étaient ensuite déplacés jusqu’au bureau du premier ministre de l’époque, Jean Charest, à l’angle de la rue Sherbrooke et de l’avenue McGill College.

L’ensemble des associations étudiantes étaient présentes. Des dizaines de députés du Parti québécois et de Québec solidaire y étaient aussi. L’évènement s’était déroulé dans le calme.

Impact de la jeunesse

La manifestation du 10 novembre n’avait pas réussi à ébranler la ministre de l’Éducation de l’époque, Line Beauchamp. Elle avait toutefois permis aux organisateurs de tâter le terrain.

« On a pu vérifier si les étudiants étaient ouverts aux arguments, peaufiner notre argumentaire, quelles étaient les facultés où les votes de grève allaient être plus faciles, énumère Mme Desjardins. Ça n’avait pas l’air très planifié, mais ce l’était. »

Cette préparation était primordiale, puisque les mobilisations contre la hausse des droits de scolarité ne faisaient que commencer.

Une série d’évènements, de manifestations et de grèves s’est poursuivie pendant plusieurs mois. Le tintamarre des concerts de casseroles a marqué les soirées du printemps érable, tandis que les carrés rouges sur les vêtements des étudiants étaient devenus une coutume. Un véritable mouvement social était né. En septembre 2012, les libéraux ont été défaits aux élections provinciales. La nouvelle première ministre Pauline Marois a finalement annulé l’augmentation des droits de scolarité.

Une décennie plus tard, les mobilisations du printemps érable ont toujours un impact dans notre quotidien, soutient Mme Desjardins. « On n’a plus retouché aux frais de scolarité depuis, lance-t-elle. Ç’a été une preuve de force et de mobilisation de la jeunesse, qu’on pensait peu allumée et débrouillarde. »