(Montréal) Même après avoir passé 16 ans à se battre, la mère de Nathalie Morin refuse de baisser les bras : elle demande aux chefs des partis politiques fédéraux qui font campagne de s’engager à rapatrier sa fille et ses quatre petits-enfants, qui sont, dénonce-t-elle, coincés en Arabie saoudite depuis 2005.

Johanne Durocher a encore de l’espoir dans son cœur de revoir sa famille, mais il « commence à être fatigué », a-t-elle dit en entrevue avec La Presse Canadienne.

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Nathalie Morin

C’est pourquoi elle lance cet appel aux chefs des principaux partis : engagez-vous dès maintenant à tout faire pour qu’ils puissent rentrer au pays.

Une action politique est nécessaire, dès maintenant, a-t-elle insisté. Et ce n’est pas le temps de la partisanerie, juge la mère qui a passé 10 ans sans voir sa fille et ses petits-enfants.

Tout le monde devrait s’unir.

Johanne Durocher, mère de Nathalie Morin

Mme Durocher ne veut pas entendre parler d’engagement « à lire le dossier », « à réfléchir » ou « à parler aux autorités consulaires » : sa patience s’effrite. Elle veut voir des actions concrètes.

Mercredi matin, elle avait convié à Montréal les journalistes et des membres des divers partis fédéraux pour remettre sous les projecteurs l’histoire de sa fille Nathalie et le calvaire qu’elle vit depuis 16 ans.

Celle-ci, citoyenne canadienne maintenant âgée de 37 ans, veut quitter l’Arabie saoudite depuis 2005, a expliqué Mme Durocher. Elle était partie cette année-là rejoindre dans son pays son conjoint saoudien, rencontré à Montréal alors qu’elle n’avait que 17 ans. Elle a accouché de leur premier enfant au Canada puis en a eu trois autres en Arabie saoudite, alors qu’elle ne pouvait plus quitter le pays, rapporte sa mère.

Mais Nathalie Morin ne veut pas rentrer au Canada sans ses enfants, de peur de ne jamais les revoir. Ils ne peuvent pas prendre l’avion avec elle, car ils font l’objet d’une interdiction de voyager de la part du gouvernement saoudien, a expliqué Mme Durocher.

Il faut donc que le Canada négocie avec l’Arabie saoudite pour lever cette interdiction de voyage.

Mme Durocher n’en peut plus d’attendre. Elle a dû se battre à de nombreuses occasions et surmonter tant d’obstacles déjà pour obtenir pour sa fille et les enfants des soins médicaux, pour que les enfants puissent aller à l’école, pour qu’ils aient de la nourriture, et aussi pour que sa fille obtienne son permis de résidence, sans quoi elle ne pouvait pas sortir d’Arabie saoudite elle non plus, a relaté Mme Durocher.

Ce dernier problème est désormais réglé, et le père des enfants accepte qu’ils se rendent au Canada. Il faut donc qu’ils prennent un vol avant qu’il ne change d’idée, lance Mme Durocher qui soutient qu’il a donné et retiré sa permission à plus d’une occasion au fil des ans.

« Ce n’est pas juste une affaire familiale, de violence conjugale. C’est un problème politique », fait-elle valoir.

« Je suis fatiguée de me battre, mais en même temps, je ne pourrai pas arrêter. C’est ma fille, ce sont mes petits-enfants. »