« Mes frères, mes neveux et moi, on pourrait mourir. On ne peut pas sortir et prendre ce risque. Ils vont voir mon passeport canadien. C’est une question d’heures », s’inquiète Qasim Popal, un Canadien coincé à Kaboul en quête d’aide immédiate pour quitter le pays tombé aux mains des talibans.

Qasim Popal a fui la détresse des civils afghans à Kaboul dimanche après-midi. Il n’a pas vu de talibans dans sa course précipitée vers l’aéroport. « Mais je les ai sentis dans le regard des gens », dit l’avocat de formation au bout du fil. Il a lu la peur dans les yeux des passants. Le désarroi dans le ton des parents qui chuchotent des avertissements à leurs enfants.

M. Popal, Torontois d’origine afghane, était en visite dans son pays natal. Le citoyen canadien y est désormais coincé. Quand les talibans se sont emparés de la ville, il a pris un sac, une bouteille d’eau, son passeport et a sauté sur le siège arrière de la motocyclette d’un inconnu. Il s’est rendu à l’aéroport avec ses deux frères et leurs enfants. Alors qu’il était 2 h à Kaboul, ils y étaient toujours, avec une centaine de familles entassées et prises au piège.

Ça fait 12 heures qu’on est là [à l’aéroport]. On a besoin d’aide. C’est une question d’heures.

Qasim Popal, Canadien coincé en Afghanistan

Après des échanges téléphoniques avec des douzaines de représentants du gouvernement canadien, il s’est rendu à l’évidence : personne ne pouvait l’aider. « Ils ne peuvent rien faire pour moi. »

Appel à la « responsabilité » des talibans

Le premier ministre Justin Trudeau a réitéré dimanche sa promesse d’accueillir 20 000 réfugiés afghans et leurs familles au Canada dans les prochains mois.

L’ambassade du Canada à Kaboul est désormais fermée. On procédait dimanche à l’évacuation du personnel pour des raisons de sécurité.

PHOTO RAHMAT GUL, ASSOCIATED PRESS

Passagers entrant au terminal des départs de l’aéroport de Kaboul

« Les Canadiens doivent continuer d’éviter tout voyage en Afghanistan », insiste-t-on, invitant les personnes qui le peuvent à « partir immédiatement, tant que des vols commerciaux sont offerts », peut-on lire dans un communiqué officiel.

Les citoyens afghans et étrangers qui veulent fuir l’Afghanistan « doivent être autorisés à le faire », ont plaidé les États-Unis et 65 autres pays dans un communiqué commun, avertissant les talibans qu’ils doivent faire preuve de « responsabilité » en la matière.

« Étant donné la situation sécuritaire qui se dégrade, nous plaidons et travaillons à assurer, et appelons toutes les parties à respecter et faciliter le départ sécurisé et ordonné de tous les citoyens étrangers et afghans qui souhaitent quitter le pays. Ceux qui se trouvent en position de pouvoir et d’autorité dans tout l’Afghanistan portent la responsabilité […] de la protection des vies humaines […] et pour la restauration immédiate de la sécurité et de l’ordre civil », souligne-t-il.

Avec l’Agence France-Presse