Les périodes de confinement, les couvre-feux et les autres restrictions liées à la pandémie ont fait diminuer de 8 % la criminalité au pays en 2020, selon les dernières données diffusées par Statistique Canada.

« Bon nombre de Canadiens sont demeurés à la maison pendant de longues périodes et peu de gens sont sortis de leur domicile, ce qui a réduit les possibilités de commettre de nombreux types de crimes », note l’organisme fédéral dans une publication dévoilée mardi.

Si la gravité des crimes a diminué, globalement, certaines catégories sont tout de même en hausse. C’est le cas des homicides, des crimes haineux, des infractions liées aux opioïdes, du harcèlement criminel, des menaces ainsi que des infractions relatives aux armes à feu.

La pandémie a eu un impact majeur sur la circulation des opioïdes : entre avril et décembre 2020, 5148 décès liés aux opioïdes ont été enregistrés au pays, ce qui représente une augmentation de 89 % par rapport à la même période en 2019. Parmi toutes les morts accidentelles liées à la toxicité des opioïdes en 2020, 82 % concernaient du fentanyl ou des analogues du fentanyl.

En 2020, la police a déclaré 5142 infractions liées aux opioïdes au Canada, soit 34 % de plus que l’année précédente, rapporte Statistique Canada.

Toutes les infractions liées aux opioïdes ont augmenté, y compris les infractions de possession, de trafic, de production, d’importation ou d’exportation.

Le Québec ne fait pas partie des provinces où les infractions liées aux opioïdes sont les plus nombreuses ; ce sont plutôt la Colombie-Britannique, l’Alberta et l’Ontario qui sont les provinces les plus touchées.

25 % plus de morts au Québec

Mais selon les données produites par le Bureau du coroner du Québec (BCQ), on constate dans la province une hausse d’environ 25 % des décès liés à une intoxication aux drogues entre avril 2020 et mars 2021, comparativement à l’année précédente.

À l’organisme Cactus, qui administre notamment un site d’injection supervisée au centre-ville de Montréal, on constate tous les jours l’effet néfaste de la pandémie sur les personnes dépendantes aux drogues.

« Dans nos services, on constate plus du double des surdoses sur lesquelles ont intervient », indique Jean-François Mary, directeur général de Cactus.

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Jean-François Mary, directeur général de Cactus

À cause de la fermeture des frontières et des saisies de fentanyl par la police, les utilisateurs doivent souvent changer de fournisseur. Cette instabilité fait en sorte qu’ils ne connaissent pas toujours le bon dosage à utiliser, ce qui les rend plus vulnérables à une surdose, explique M. Mary.

« Ça fait de nombreuses années que les corps policiers ont mis [l’accent] sur la répression, mais on ne constate aucun bienfait. Il faut sortir du modèle de la prohibition, parce qu’en envoyant les gens en incarcération, on ne règle absolument pas le problème », poursuit-il.

Autres faits saillants des données de Statistique Canada

  • L’Indice de gravité de la criminalité (IGC), qui permet de mesurer le volume et la gravité des crimes, était en 2020 11 % inférieur à ce qu’il était il y a 10 ans. Le taux de crimes déclarés par la police, qui sert à mesurer le volume de crimes, a également diminué de 10 % en 2020, pour s’établir à 5301 affaires pour 100 000 Canadiens.
  • La diminution de l’IGC global en 2020 découle de la diminution des introductions par effraction ( – 16 %), des vols de 5000 $ ou moins (-20 %), des vols qualifiés ( – 18 %), des vols à l’étalage de 5000 $ ou moins (-36 %), des infractions contre l’administration de la justice ( – 17 %) et des agressions sexuelles de niveau 1 (-9 %).
  • En revanche, le nombre de crimes haineux déclarés par la police au Canada a augmenté de 37 % au cours de la première année de la pandémie, avec 2669 cas en 2020. Il s’agit du plus grand nombre de crimes haineux déclarés par la police depuis que des données comparables sont devenues disponibles en 2009. Les crimes haineux ciblant la race ou l’origine ethnique ont presque doublé (+80 %).
  • Le taux d’homicides a également augmenté, de 7 %. La police a déclaré 743 homicides en 2020, soit 56 de plus que l’année précédente. La tuerie survenue en Nouvelle-Écosse en 2020 a contribué à cette augmentation : 22 personnes avaient alors été tuées, ce qui en a fait la fusillade la plus meurtrière de l’histoire du Canada. Par province, les homicides ont été plus nombreux en Alberta (+39), en Nouvelle-Écosse (+29) et au Québec (+10).
  • Le taux d’homicides chez les Autochtones est sept fois supérieur au taux observé chez les non-Autochtones. En 2020, on comptait 201 victimes d’homicide autochtones, soit 22 de plus qu’en 2019.
  • En 2020, la police a déclaré 28 639 agressions sexuelles, ce qui se traduit par un taux de 75 cas pour 100 000 habitants, une baisse de 9 % comparativement à 2019, qui fait suite à cinq années d’augmentation. Malgré les nombreuses discussions publiques entourant la violence sexuelle au cours des dernières années, le nombre d’agressions sexuelles déclarées par la police est une sous-estimation considérable de l’étendue réelle de ces agressions au Canada, note Statistique Canada, puisque seulement 6 % des agressions sexuelles sont portées à l’attention de la police, selon les données de l’Enquête sociale générale de 2019 sur la sécurité des Canadiens.
  • Le taux des infractions avec violence liées aux armes à feu a augmenté pour la sixième année de suite, en hausse de 15 % en 2020. La majeure partie de cette augmentation a été observée en Alberta (+185), au Québec (+148) et en Ontario (+132).

-31 %

Baisse du taux de criminalité chez les jeunes en 2020