(Ottawa) Un organisme incluant dans ses rangs des officiers militaires et des diplomates à la retraite recherche des bénévoles voulant participer à l’accueil et à l’intégration des anciens interprètes afghans et de leurs familles lorsqu’ils seront évacués vers le Canada.

Cet appel à la mobilisation de l’Institut de la Conférence des associations de la défense tombe au moment où l’on anticipe une annonce du gouvernement fédéral confirmant qu’il offrira de ramener au pays des dizaines d’Afghans menacés de représailles par les taliban pour avoir collaboré avec les militaires canadiens.

« On ne sait pas exactement quels seront les besoins, admet Guy Thibault, un lieutenant-général à la retraite qui préside l’institut. On essaie seulement de prendre l’initiative en mobilisant un groupe de bénévoles qui a été lié à toute cette histoire en Afghanistan. »

Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré mardi que son gouvernement travaillait d’arrache-pied afin d’approuver un plan d’immigration de ses ex-collaborateurs afghans pour des motifs humanitaires. Ottawa fait face à des pressions de plus en plus fortes d’anciens combattants soucieux du sort qui attend leurs ex-collègues.

« On travaille avec les anciens combattants, on travaille avec différentes organisations et avec des communautés en Afghanistan afin d’assurer leur sécurité et de permettre à bon nombre d’entre eux et à leurs familles de venir au Canada », a-t-il déclaré en marge d’une annonce à Hamilton.

« C’est quelque chose que l’on prend très au sérieux et sur quoi on travaille de façon diligente et agressive », a-t-il ajouté.

Les craintes des anciens combattants ont cependant continué de prendre de l’ampleur au cours des derniers jours alors que les taliban ont progressé pratiquement partout en Afghanistan, dont dans la province de Kandahar, où le Canada a passé de nombreuses années à les combattre.

Le manque d’action n’a fait qu’amplifier la frustration au sein de la communauté des anciens combattants. Certains disent avoir envoyé de l’argent et du soutien dans le but d’aider leurs anciens interprètes, chauffeurs et autres collaborateurs à se relocaliser dans des endroits plus sûrs du pays.

L’un de ces rescapés est Najeb, qui a fui Kandahar lundi avec sa femme et leurs quatre enfants grâce à l’aide du Canada. Des documents fournis à La Presse Canadienne montrent qu’il a travaillé avec l’OTAN et une entreprise canadienne à Kandahar.

« Il y a beaucoup d’interprètes dans chacune des provinces, mais Kandahar est la ligne de front, a décrit Najeb en entrevue. Je ne peux pas vous dire, où je suis en ce moment parce que je suis en sécurité. Je me fiche de ma condition. J’ai une chambre. Je suis en sécurité. »

La Presse Canadienne a accepté de ne pas révéler le nom complet de Najeb ni l’endroit où il se trouve afin d’assurer sa sécurité ainsi que celle de sa famille.

Il confie avoir tenté d’obtenir de l’aide du gouvernement britannique, mais s’être fait refouler parce qu’il avait travaillé à la base de Kandahar et non auprès des troupes de l’OTAN.

Cette distinction ne fait toutefois aucune différence pour les taliban qui auraient brûlé sa maison en décembre et lui auraient fait parvenir de nombreuses menaces. C’est finalement grâce à un groupe de Canadiens qu’il a réussi à fuir Kandahar.

Des bénévoles se mobilisent partout au Canada et travaillent sans relâche, à distance, pour coordonner les déplacements d’anciens interprètes afin de les maintenir loin des griffes des talibans. Des donateurs anonymes financent les opérations en attendant qu’Ottawa s’active pour les sortir du pays.