Après avoir été rappelé à l’ordre par le ministère de la Santé et des Services sociaux, le CHUM a corrigé sa directive et les urgences sont désormais accessibles à un proche aidant. L’obligation d’avoir ses deux doses de vaccin a aussi été levée. Pour la famille de Line Ampleman, il est trop tard.

Au début juin, Mme Ampleman, qui est à la retraite après avoir été directrice générale d’un établissement de santé, raconte avoir dû laisser son conjoint atteint d’un cancer avancé au triage des urgences du CHUM. C’est une fois sur une civière qu’« il a appris, alors qu’il était seul, qu’il n’y avait plus rien à faire ».

Le week-end précédant la mort de son conjoint survenue le 6 juillet, conformément à la règle du CHUM (mais contrairement à la règle édictée par le ministère de la Santé à l’endroit des hôpitaux), les fils du patient n’ont pas pu aller voir leur père parce qu’ils n’avaient pas eu leurs deux doses du vaccin contre la COVID-19.

Nos fils sont de jeunes adultes, ils avaient reçu la première dose dès que cela avait été possible, mais ils devaient attendre huit semaines pour la deuxième. L’aîné s’est quand même présenté sur place et a plaidé sa cause, mais on ne l’a pas laissé venir saluer son père.

Line Ampleman

« Il voulait juste lui faire un câlin. Mon conjoint a pleuré », raconte Mme Ampleman, en fondant elle-même en larmes.

Quand l’autorisation a été donnée, le jour du décès (malgré le fait que les fils n’avaient toujours pas eu leur deuxième dose), « il était trop tard ». « Mon conjoint était devenu confus. Le CHUM nous a donc volé ses trois dernières semaines de vie au cours desquelles nous aurions pu être ensemble, à avoir de beaux échanges. »

Le patient est mort le 6 juillet. « Mais on ne nous a pas dit la veille de son décès que son état était à ce point avancé. La première semaine de son hospitalisation, on nous interdisait toute visite, stipulant qu’il n’était pas assez malade. J’avais trouvé la directive du Ministère et ne comprenais pas qu’elle n’était pas appliquée. J’ai vérifié avec la Santé publique de Montréal et on m’a simplement confirmé que la directive était en vigueur et dit de m’adresser à la direction du CHUM. »

« C’est dur de rebrasser tout cela, mais je le fais au cas où ça pourrait aider d’autres patients », dit Mme Ampleman.

« Le jugement clinique » déterminant

Au courant de ce dossier (Mme Ampleman ayant donné son autorisation), Lucie Dufresne, conseillère en communications au CHUM, s’est dite limitée dans les commentaires qu’elle pouvait faire sur ce cas précis pour des raisons de renseignements privés. Elle a cependant indiqué que la famille a pu être présente le dernier jour, que le CHUM a toujours été sensible aux cas de fin de vie et que la directive a évolué au cours de l’hospitalisation dont il est question.

Mais de manière générale, de tels cas peuvent-ils se reproduire ? Quelles sont maintenant les règles de visite ?

Jeudi, sur le site internet du CHUM, la directive a été changée. L’obligation de la double vaccination n’y figure plus. Dans la nouvelle directive, les urgences ne sont pas mentionnées.

C’est en entrevue avec La Presse que Mme Dufresne a indiqué que « les urgences sont accessibles à un proche aidant », mais que « le jugement clinique » sera toujours déterminant.

Le proche aidant pourra accompagner le patient « si [le personnel] juge pertinent qu’il soit là ».

Les règles ont été assouplies aux étages, mais à certains égards, la règle du CHUM demeure différente de la règle du ministère de la Santé et des Services sociaux.

Mme Dufresne explique que la situation du CHUM est particulière, l’hôpital ayant fait de grands réaménagements physiques en raison de la COVID-19 et que de réadapter le tout à la nouvelle réalité prend un certain temps.