Le controversé lobbyiste Ari Ben-Menashe a mis fin à son contrat avec l’armée birmane, qui l’avait embauché au coût de 2 millions de dollars pour défendre ses intérêts auprès des États-Unis et d’autres acteurs sur la scène internationale. L’homme qui est établi à Montréal a résilié l’entente après avoir réalisé qu’il ne pourrait être payé en raison des sanctions imposées à la junte militaire après son coup d’État mené le 1er février dernier.

Joint par La Presse, Ari Ben-Menashe a indiqué que l’entente était « sur pause » en attendant un dénouement qui lui permettrait de relancer son mandat, dont l’objectif est de faire tomber les sanctions économiques contre la Birmanie et des chefs de la junte militaire. « Si nous obtenons notre permis, nous allons reprendre le travail », a affirmé le lobbyiste avant de mettre fin à la conversation téléphonique.

Ce permis, c’est une autorisation du Trésor américain qui n’a pu être obtenue par la firme de M. Ben-Menashe, Dickens & Madson, dont les bureaux sont situés à Montréal. Selon le média américain Foreign Lobby Report, les avocats de Dickens & Madson ont vite compris au cours de leurs discussions avec les gouvernements canadien et américain qu’ils n’obtiendraient pas cette autorisation. Le Canada et les États-Unis ont imposé des sanctions à la Birmanie.

« Ça semblait évident qu’il n’y a pas de grande volonté d’aider le gouvernement de la Birmanie actuellement », a déclaré l’avocat de M. Ben-Menashe, Andrew Kramer, à Foreign Lobby. Depuis le coup d’État du 1er février, plusieurs personnalités politiques birmanes sont détenues, dont la leader du gouvernement Aung San Suu Kii, lauréate du prix Nobel de la paix en 1991.

En entrevue avec Foreign Lobby, Ari Ben-Menashe a déclaré pour sa part « qu’il n’avait pas de problème avec les Birmans ». « Mais nous ne pouvons être payés en raison des sanctions, c’est un problème. Nous ne sommes pas une organisation charitable et seulement voler jusqu’ici coûte de l’argent. » Selon les documents officiels, l’entente a pris fin le 11 mai dernier. Or, ce contrat avait été accordé à Dickens & Madson au début du mois de mars par le ministère de la Défense birman.

M. Ben-Menashe a défendu d’autres régimes autoritaires par le passé. En 2019, il avait signé un contrat de 6 millions de dollars pour représenter le Conseil militaire de transition du Soudan qui avait pris le pouvoir après un coup d’État. Il affirmait alors vouloir « aider ce régime à mettre en œuvre la transition démocratique ».

Soulignons que l’ancien directeur général du Centre universitaire de santé McGill, Arthur Porter, avait perdu son poste après que ses liens d’affaires avec Ben-Menashe avaient été dévoilés.

L’homme qui est né en Iran et a grandi en Israël possède plusieurs propriétés luxueuses à Montréal.